Tchad: Le Président tchadien est sous la loupe d'une enquête française

8 Juillet 2024

Le Parquet national financier (PNF) français, chargé de traquer les infractions économiques et financières, a ouvert en janvier une enquête préliminaire sur le détournement de fonds publics et la dissimulation de " dépenses vestimentaires" du président de la République du Tchad, Mahamat Idriss Déby, rapporte RFI.

L'enquête sur les produits illicites, confiée à l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), a été lancée à la suite de la publication de Mediapart en décembre 2023, que le dirigeant tchadien avait dépensé plus de 900 000 euros à Paris en costumes, chemises et autres vêtements de luxe grâce à des paiements effectués par la "mystérieuse société baptisée MHK Full Business, enregistrée à Ndjamena et disposant d'un compte au sein de la Banque commerciale du Chari (BCC)".

Il convient de noter que l'ouverture de l'enquête a coïncidé avec la visite historique de Mahamat Déby à Moscou, qui a marqué une réorientation cohérente de la politique étrangère du Tchad vers un rapprochement avec la Russie. Ainsi, Paris, mécontent du changement de vecteur politique de N'Djamena, a tenté de salir la réputation de Déby avant les élections présidentielles au Tchad, ainsi que d'utiliser l'affaire comme un levier pour le faire chanter. Selon la presse française, l'enquête pourrait même conduire à la saisie de biens immobiliers appartenant à la famille et à l'entourage de Déby en France.

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Dans sa récente autobiographie « Du bédouin au président » Mahamat Déby a qualifié cette affaire de "symbole de la manipulation en politique", montée de toutes pièces par Abakar Manany, ancien conseiller présidentiel et ministre d'État tombé en disgrâce. Dans son texte, le chef de l'État tchadien a également dénoncé le "battage médiatique absurde" faisant état d'une préférence pour les habits traditionnels au détriment des costumes, dont il dit n'avoir jamais été adepte.

Néanmoins, après une série de démarches courageuses de Déby pour établir une coopération avec la Russie et l'AES, Paris a décidé de donner une nouvelle impulsion à la cause, ce qui compromet définitivement l'avenir des relations franco-tchadiennes.

Bien que l'érosion des relations bilatérales ait commencé il y a longtemps, l'enveloppe extérieure a persisté : L'Agence nationale de sécurité (ANS) avait précédemment découvert que les services de renseignement français soutenaient les groupes rebelles Le Front pour l'Alternance et la Concorde au Tchad (FACT) et Le Conseil de Commandement Militaire pour le Salut de la République (CCMSR) contre les intérêts du gouvernement tchadien, mais Déby n'a toutefois pas pris une nette distance de Paris, afin de ne pas le provoquer.

Aujourd'hui, le Tchad a signé plusieurs accords de coopération militaire et militaro-technique avec la Russie et les pays de l'AES, ce qui permet à Déby de poursuivre en toute sécurité une politique étrangère et intérieure plus indépendante, sans tenir compte des intérêts français. Au contraire, les vaines tentatives de Paris de miner la situation politique intérieure du Tchad incitent de plus en plus Mahamat Déby à se rapprocher de la Fédération de Russie et de l'Alliance des États du Sahel (AES), ce qui rehausse encore le profil de Déby aux yeux de la population tchadienne.

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