Congo-Kinshasa: A Paris, une exposition photo pour faire connaître le sort des civils dans la province du Nord-Kivu

À Paris, une exposition met en lumière le sort des civils dans la province du Nord-Kivu, à l'est de la RDC. Des hommes, femmes et enfants, victimes des combats entre l'armée congolaise et les rebelles du M23 soutenus par l'armée rwandaise.

Organisée par l'ONG Première urgence internationale, cette exposition présente le travail du photographe britannique Hugh Kinsella Cunningham, récompensé mi-juin par le Visa d'Or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge (CICR). Depuis deux ans, il témoigne en images de la fuite des civils et de leurs conditions de vie extrêmement difficiles dans les camps de déplacés.

Faire connaître la situation dramatique des civils face à l'avancée des rebelles du M23 dans le Nord-Kivu, c'est ce que recherche Hugh Kinsella Cunningham en se rendant avec son appareil photo au plus près des combats, comme dans la ville de Saké, en mars dernier.

« Certaines de ces images montrent des moments très intenses où les civils fuient les tirs d'artillerie à 4h du matin, après une attaque, explique-t-il. Ils prennent leurs enfants, tout ce qu'ils peuvent prendre en une minute ou deux et ils s'enfuient pour se mettre à l'abri et se créer une nouvelle vie dans ces camps de déplacés vraiment terribles ».

Alors que la République démocratique du Congo (RDC) compte aujourd'hui près de 7 millions de déplacés internes selon les Nations unies, le photographe ne veut pas que les victimes du conflit soient réduites à des statistiques : « Lorsqu'on arrive à de tels chiffres, on n'a aucun moyen de visualiser à quoi cela ressemble exactement. Je pense donc que la meilleure façon d'utiliser la photographie est de rencontrer les personnes, réaliser qu'il s'agit de familles et non de victimes abstraites dans un pays lointain. C'est ce que la photographie fait de mieux : vous transmettre de petites histoires individuelles et à partir de ça, vous serez en mesure de comprendre l'ensemble. »

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« Ces images aident le public à comprendre ce qu'est le déracinement »

Hugh Kinsella Cunningham utilise aussi la photo aérienne, à l'aide d'un drone, pour montrer l'ampleur de la crise de déplacement dans l'est de la RDC : sur certains clichés, on peut voir des tentes blanches à perte de vue. Il s'agit des camps de déplacés situés en périphérie de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu : « Ces images aident le public à comprendre ce qu'est le déracinement, ce que c'est que d'être forcé de quitter sa maison. L'idée que des familles de cinq, six ou sept enfants, vivent dans ces tentes de quelques mètres carrés est absolument choquante. » Ces camps, rappelle-t-il aussi, ne sont pas épargnés par les bombardements. Le 3 mai dernier, le camp de Mungunga, près de Goma, avait été frappé, faisant une quinzaine de morts.

Au milieu de ce conflit, Hugh Kinsella Cunningham veille à ce que sa photographie ne déshumanise jamais les personnes qu'il rencontre. Il saisit ainsi la solidarité à l'oeuvre à travers des portraits de travailleurs humanitaires et réussit à capter des moments joyeux comme une fête de mariage dans un village du Sud-Kivu.

« C'est vraiment l'illustration de l'horreur que vivent ces populations dans l'est du Congo »

Un travail de Hugh Kinsella Cunningham qui lui a permis de remporter le Visa d'Or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge (CICR), comme l'explique Christophe Martin, chef de la délégation du CICR en France et membre du jury : « C'est quelqu'un qui connaît extrêmement bien le contexte, il est sur place depuis plus de 5 ans. On a vraiment le sentiment qu'il est non seulement un grand connaisseur de cette réalité mais qu'il est fondamentalement accepté par les gens. Il y a des photos extrêmement révélatrices de cette réalité comme celle d'un Monsieur qui est visiblement en train de se déplacer, on peut l'imaginer à la suite de combats. C'est un unijambiste qui marche avec des béquilles et on voit bien tout le poids que représente ce mouvement incessant. C'est vraiment l'illustration de l'horreur que vivent ces populations dans l'est du Congo. »

Christophe Martin conclut : « La photo a un effet immédiat, c'est un choc fort qui permet de toucher un plus grand nombre. On voulait aussi à travers ce témoignage porter la voix de ce conflit oublié et des populations largement sous le radar médiatique, et de manière plus générale politique et international. »

L'exposition « Nord-Kivu : dans l'étau d'un conflit » de Hugh Kinsella Cunningham est à découvrir jusqu'au 11 juillet à la galerie Angalia à Paris.

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