Aujourd'hui, Brenda Biya est plus que la fille du président camerounais Paul Biya, 91 ans, le plus vieux dirigeant élu du monde. Dans le Cameroun qu'il dirige depuis 1982, comme dans vingt-six autres pays africains, l'homosexualité est illégale, passible de cinq ans de prison. Une vingtaine de personnes sont actuellement incarcérées au Cameroun pour avoir eu des relations avec une personne du même sexe. Brenda Biya, qui tente de percer dans le monde du rap, est consciente du « message fort » que représente sa prise de parole. Elle a accepté de s'exprimer auprès du Parisien Aujourd'hui en France, chez elle à Genève (Suisse), sur les rives cossues du lac Léman.
Lors de cette interview, Brenda Biya a souligné l'importance de son coming out public. « J'espère que mon histoire pourra changer la loi », déclare-t-elle avec une conviction palpable. Pour elle, la visibilité et le soutien des personnes influentes peuvent jouer un rôle crucial dans l'évolution des mentalités et des législations. « Il est temps que le Cameroun et d'autres pays africains reconnaissent les droits humains fondamentaux de tous leurs citoyens, indépendamment de leur orientation sexuelle. »
Les défis auxquels elle fait face ne sont pas seulement légaux, mais aussi profondément culturels. Dans une société où l'homosexualité est souvent stigmatisée et mal comprise, Brenda sait qu'elle doit être un symbole de courage et de résilience. Son choix de carrière dans le rap, un genre souvent perçu comme machiste et hétéro-normatif, est en soi un acte de défi.
« La musique est mon moyen d'expression. À travers mes paroles, je veux toucher les coeurs et changer les esprits. Mon combat est non seulement pour moi, mais pour tous ceux qui sont réduits au silence par la peur et l'oppression », dit-elle. Son engagement est soutenu par une présence active sur les réseaux sociaux, où elle partage son parcours et milite pour les droits LGBTQ+.
Le Cameroun reste un pays où l'opinion publique est majoritairement conservatrice sur les questions de genre et de sexualité. Paul Biya et son gouvernement n'ont montré aucun signe de vouloir modifier les lois anti-LGBTQ+ en place. Cependant, la pression internationale et les appels croissants à la justice et à l'égalité pourraient éventuellement conduire à des réformes. « Mon père a dirigé le Cameroun pendant des décennies. J'espère qu'il pourra voir l'importance de l'évolution sociale avant de quitter le pouvoir », ajoute Brenda.
En dehors de la scène politique et sociale, Brenda Biya trouve refuge et inspiration dans la beauté paisible de Genève. « Ici, je peux être moi-même sans crainte. Cela me donne la force de continuer à me battre pour ceux qui ne peuvent pas encore vivre leur vérité librement. » Son coming out et son activisme ont reçu un soutien mitigé. Si certains la considèrent comme une héroïne moderne, d'autres la critiquent sévèrement. Pourtant, Brenda reste inébranlable. « Les critiques ne me feront pas taire. Elles montrent simplement à quel point notre lutte est nécessaire. »
Le parcours de Brenda Biya est une illustration poignante des luttes personnelles et politiques interconnectées. Son histoire pourrait bien être un tournant pour les droits LGBTQ+ en Afrique. En amplifiant sa voix, elle espère non seulement changer des lois, mais aussi des vies.