Kinshasa — La guerre oubliée du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, connaît deux nouveaux développements importants. Le premier est la trêve humanitaire de deux semaines, entrée en vigueur le 5 juillet et obtenue grâce à la médiation des États-Unis ; le second est le rapport du groupe d'experts présenté au Conseil de sécurité des Nations unies le 8 juillet, qui accuse le Rwanda de soutenir les rebelles du M23 avec ses propres troupes.
La trêve engage les soldats de l'armée régulière congolaise et les rebelles du M23 à un cessez-le-feu de deux semaines pour permettre aux agences humanitaires d'atteindre les populations piégées par les combats. La trêve semble tenir pour l'instant, mais aucun mécanisme n'est en place pour vérifier son respect par les combattants, dont les positions sont très proches. Un geste mal interprété par l'autre camp pourrait relancer les combats à tout moment.
Certains commentateurs locaux craignent également que la trêve ne serve aux belligérants à se renforcer en troupes et en armes. Selon les Congolais, celui qui profitera le plus de la trêve pour se renforcer sera le M23, qui contrôle en effet une grande partie de cette province congolaise, à l'exception de la capitale Goma, qui abrite des centaines de milliers de personnes déplacées, et qui est encerclée par la guérilla.
Ces dernières - selon le rapport présenté au Conseil de sécurité de l'ONU - sont armées et soutenues par le Rwanda, qui a envoyé au moins 3 000 à 4 000 soldats de son armée pour les appuyer. Des officiers congolais - selon le rapport - ont pris le commandement des opérations militaires du M23, qui peut compter sur le soutien de l'artillerie et des canons antiaériens fournis par l'armée rwandaise. En fait, selon le rapport de l'ONU, le Rwanda a "violé l'intégrité et la souveraineté de la RDC".
Les experts de l'ONU dénoncent également le recrutement forcé dans les rangs des rebelles d'enfants de 12 ans pris dans les camps de réfugiés en territoire rwandais.
Des efforts supplémentaires sont donc nécessaires pour que le cessez-le-feu humanitaire, fruit des efforts négociés par Washington depuis la visite en novembre dernier à Kigali et à Kinshasa d'Avril Haines, le National Director for Intelligence (qui supervise les 17 agences de renseignement américaines), aboutisse à une trêve permanente.