Congo-Kinshasa: Le dos au mur

analyse

Devant le Conseil de sécurité, ce lundi 8 juillet, la cheffe de la Mission de l'organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) s'est alarmée de la dégradation sécuritaire dans l'Est de la RDC.

Bintou Keïta a pointé du doigt, le risque réel que fait craindre l'expansion dans le pays, des rebelles du M23 qui se sont récemment emparés de la ville de Kanyabayonga dans le Nord-Kivu, en incendiant plusieurs bases des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), ce qui a déclenché de nouvelles vagues de déplacements de la population.

C'est dire que malgré les opérations des FARDC régulièrement soutenues par la MONUSCO et la mission de la SADC (SAMIDRC), la situation sécuritaire dans l'Est de la RDC a continué de se dégrader, atteignant des niveaux préoccupants avec l'expansion rapide du Mouvement du 23 mars vers le Sud-Kivu.

Cette situation est d'autant plus préoccupante que la MONUSCO se prépare à quitter la RDC pour laisser le combat aux FARDC et à la Mission de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) dont la pleine capacité opérationnelle est attendue à la mi-juillet.

Au-delà des accusations du gouvernement rwandais de renforcer son soutien au M23 et de lui avoir ainsi permis de réaliser des gains territoriaux majeurs dans l'Est de la RDC, le pouvoir en place doit se retrousser les manches pour faire face à la situation.

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En demandant, en septembre 2023, un retrait « accéléré » de la MONUSCO de son pays après plus de deux décennies de présence du fait de son « incapacité » à faire face aux rébellions et conflits armés touchant la RDC et la région des Grands Lacs, ni à protéger les populations civiles », le Président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, aurait dû s'assurer de la capacité de l'armée de son pays à se « défendre » seule.

Certes, cette décision reflète une part d'agacement de la RDC et contente les Congolais qui n'en peuvent plus d'une force onusienne « improductive », mais l'autre paire de manche est désormais la double bataille sur le terrain, surtout à l'Est du pays, et dans l'opinion nationale.

En effet, alors que le M23 gagne du terrain, le chef de l'Etat congolais fait face à une critique acerbe de certains de ses concitoyens quant à ses capacités à gouverner et à contenir la progression des mouvements rebelles qui n'ont que trop duré. Le dos au mur, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo devra repenser sa stratégie de guerre, en donnant une chance au dialogue avec son voisin rwandais, Paul Kagamé, au risque de payer les pots cassés d'une situation sécuritaire dont les Congolais ont tant souffert.

Ce, d'autant plus que les autorités rwandaises ont promis de continuer « de se défendre » face aux « menaces » de la RDC, estimant qu'elle a « tous les moyens de désamorcer la situation si elle le souhaite ». En clair, le Rwanda n'a pas fermé la porte au dialogue avec son voisin, même si les deux chefs d'Etat se vouent aux gémonies. La SADC, l'Union africaine et l'ONU devaient aussi travailler à un retour rapide au dialogue entre eux.

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