Kenya: Au procès du massacre de Shakahola, de témoignages poignants d'un médecin et d'un enfant

Le procès du massacre de Shakahola au Kenya à son troisième jour mercredi 10 juillet. Le pasteur Paul McKenzie étant jugé devant le tribunal de Shanzu, à Mombasa pour avoir poussé 429 de ses adeptes à mourir de faim pour « rencontrer Jésus-Christ ».

À plusieurs reprises, la séance du troisième jour du procès a été suspendue pour laisser le témoin se reprendre, après des crises de larmes. Le médecin Lewis Thoya Sirya, dont le frère et le cousin étaient des adeptes de Paul Mackenzie, a livré un témoignage qui a suscité beaucoup d'émotion, d'autant plus que son cadet se trouve dans la salle sur le banc des accusés.

Lewis fait partie de ceux qui ont rendu le drame de Shakahola public : son cousin Humphrey, qui avait quitté la communauté, l'en a informé un jour, du décès de ses deux neveux, morts de faim. Lewis s'est donc rendu sur place, avec Humphrey, un autre frère, et une équipe de télévision pour vérifier. Mais leur expédition a tourné court quand ils se sont heurtés à une centaine d'hommes de Paul Mackenzie - armés de machettes, d'arcs et de flèches.

Avant de repartir, Lewis et ses acolytes ont néanmoins pu rentrer dans une concession et ont vu deux tombes, petites, probablement celles d'enfants. C'est grâce à la dénonciation de Lewis et de ceux qui l'accompagnaient que la police kényane a découvert le drame de Shakahola. À cette heure, la femme de son frère et ses neveux sont toujours portés disparus.

Un témoignage entendu avec indifférence par Paul Mackenzie

Ce témoignage a été entendu par le pasteur Paul Mackenzie avec une grande indifférence. Paul Mackenzie écoutait parfois, il lisait une Bible de poche. Souvent, il se lève pour murmurer quelque chose à l'oreille de ses avocats. Il s'est même adressé à la presse, assurant qu'il était prêt à nous répondre, mais qu'on l'en empêchait.

Ses conseils, quant à eux, essaient de démontrer que le récit du témoin s'appuie sur des interprétations et non des faits. Après tout, il n'avait pas vu son frère, ni ses neveux depuis des années. Saurait-il seulement reconnaître les enfants ? Leurs corps n'ont pas été retrouvés : pourquoi est-il si sûr qu'ils sont morts ? À plusieurs reprises, Me Obonyo a cité la Bible, entendant démontrer que ses clients ne sont que de bons chrétiens et que l'image que l'accusation dépeint d'eux ne relève que du préjugé.

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