Congo-Brazzaville: Un bras de fer interminable

Vue de l'entrée de la Faculté des lettres, arts et sciences humaines début janvier 2024, avant le déclenchement de la grève.
10 Juillet 2024
analyse

Au Congo, les enseignants de l'université Marien Ngouabi de Brazzaville, la plus grande du pays et le gouvernement sont à couteaux tirés. Depuis le 11 juin dernier, le corps professoral de ce temple du savoir est entré en grève illimitée pour réclamer le paiement de quatre mois d'arriérés de salaires.

A force de ne pas sentir une prise en compte sérieuse de leurs doléances par les autorités, les enseignants se sont radicalisés. Nul ne sait quand est-ce que ce mouvement d'humeur qui s'est du reste durci, prendra fin, les enseignants n'ayant pas encore trouvé une oreille attentive. Les protestataires conditionnent d'ailleurs la levée de leur grève au paiement d'au moins deux mois de salaires (avril et mai), concession que le gouvernement congolais n'arrive pas à satisfaire.

L'exécutif congolais, avec en tête le Président Denis Sassou-Nguesso, évoque des tensions de trésorerie qui l'empêchent de satisfaire les besoins des enseignants en colère.

Cet argument ne convainc pas les grévistes qui constatent à leur corps défendant le paiement des salaires des autres fonctionnaires dans la période des arriérés.

Au égard à ce scénario incompréhensible, les enseignants de l'université Marien Ngouabi de Brazzaville réclament, en plus des arriérés, la signature d'un protocole d'accord garantissant la concomitance du paiement de leurs salaires avec les autres serviteurs de l'Etat. Cette situation très déplorable porte un lourd préjudice aux étudiants de l'établissement qui ne savent plus à quel saint se vouer.

Ce sont des semaines perdues pour ces cadres de demain, dont certains devaient subir des examens. Premiers perdants, les étudiants touchés n'ont-ils pas d'ailleurs exhorté le gouvernement congolais à régler le problème ? Leurs voix ne semblent pas avoir été audibles auprès de qui de droit. S'il n'a certainement pas pour intention de sacrifier l'avenir des apprenants concernés, l'exécutif congolais gagnerait à faire diligence pour sauver ce qui peut encore l'être.

%

Et dire que ce n'est pas la première fois que les enseignants de la même université, voire d'autres, réclament le paiement d'arriérés de salaires, il y a de quoi s'offusquer. La situation économique du Congo n'est pas aisée, on peut l'admettre, mais le domaine de l'enseignement est tellement important et sensible que les enseignants ne devraient pas raser les murs. C'est un métier noble et la planète entière est unanime. Alors, tout doit être mis en oeuvre pour trouver une solution ponctuelle et définitive la situation qui prévaut à l'université Marien Ngouabi de Brazzaville.

Même si on ne défend pas forcément les enseignants, il faut reconnaitre, comme le dit l'adage populaire, que tout travail mérite salaire. L'Etat congolais doit donc parer au plus urgent, pour ne pas laisser ce problème ternir l'image du système éducatif congolais, pour lequel il nourrit beaucoup d'ambitions. On en veut pour preuve, la tenue, du 25 au 29 janvier dernier, des états généraux de l'éducation nationale, de la formation et de la recherche à Brazzaville.

La mise en oeuvre des recommandations de cette rencontre devra permettre, conformément aux objectifs poursuivis, de faire naître une école congolaise réformée et transformée. En clair, l'Etat congolais veut asseoir un système éducatif plus adapté aux réalités socio-économiques et culturelles et propulseur du développement du pays. Qu'il en soit ainsi...

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.