Il y avait urgence. Tous les acteurs impliqués dans ce projet humanitaire avaient hâte de le voir aboutir le plus tôt possible. En février 2024, un incendie d'origine inconnue a ravagé la salle de classe du Centre de rattrapage scolaire (CRS) constitué de matériaux provisoires.
Près de deux cents enfants vulnérables y étaient accueillis quotidiennement pour des cours de rattrapage scolaire afin de relever leur niveau, après quoi ils rejoignent les structures scolaires classiques ou bien sont orientés vers des formations professionnelles. Tous sont déboussolés. Nombreux sont ceux qui errent dans les rues de Bunia où ils sont exposés à toutes sortes de menaces.
Pour y remédier, il a fallu travailler d'arrache-pied. Quarante-cinq jours : c'est le temps qu'ont duré les travaux de construction de cette salle de classe de 9.8 mètres carrés, pour un coût total de 10.078 dollars américains. « Voir un tel joyau sortir de terre en un temps record est un exploit », a souligné Léopold Gnonké, chef de bureau adjoint de la MONUSCO en Ituri, lors de la cérémonie d'inauguration le 11 juin 2024, en présence du maire de la ville de Bunia.
Selon Céline Lusinde Lusumbe, cheffe de bureau de protection de l'enfant à la Division des affaires sociales (DIVAS) qui assure la gestion du centre, la construction de ce bâtiment est la réalisation d'un rêve auquel elle n'a pas cessé de croire depuis les malheureux événements de février dernier : « J'avais mal de voir ces enfants errer sans rien faire à part mendier. Certains venaient ici régulièrement nous demander quand ils pourraient revenir à leur apprentissage. Et nous n'avions aucune réponse à leur donner. J'avais le sentiment que nous avions abandonné ces enfants vulnérables dont la plupart sont victimes des conflits armés que connaît la province de l'Ituri depuis plusieurs années », a-t-elle déclaré, tout sourire.
« On ne pouvait offrir, cette année, meilleur cadeau aux enfants de l'Ituri à l'occasion de la journée de l'enfant africain célébrée chaque 16 juin », a ajouté Karim Sankara, représentant de l'Unicef, organisme dont le personnel a aussi participé, au même titre que celui de l'Organisation internationale des Migrations (OIM), du Programme alimentaire mondial (PAM), de l'Office de coordination des affaires humanitaires (OCHA) et du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) à l'opération de contribution volontaire initiée l'année dernière.
Le maire de Bunia, au nom des autorités provinciales, s'est également dit soulagé de savoir que, dès la prochaine rentrée scolaire en septembre 2024, la salle de classe pourra être opérationnelle et accueillir de nouveau ces enfants vulnérables.
S'engageant à y travailler sans relâche, il a promis à son tour de mettre les mains à la poche pour l'équipement de la salle en tables, bancs et autres matériels didactiques nécessaires à l'apprentissage. C'est donc à juste titre que le commissaire supérieur principal Jean-Bosco Mbuyi Kola a salué la réalisation de ce projet.
« Hier, nous étions tous ici entrain de pleurer le malheur qui avait frappé en février dernier cette salle de classe. Aujourd'hui, nous voici entrain de nous réjouir de ce bijou. A voir ce nouveau bâtiment d'une prestance exceptionnelle, je me dois de féliciter haut et fort le personnel des Nations Unies en Ituri dont les contributions ont permis de réaliser les travaux de construction de ce bâtiment. Il mérite nos applaudissements et nos encouragements les plus sincères », a-t-il déclaré. Les autorités provinciales, notamment le gouverneur et son adjoint, ont également adhéré au projet en lui accordant une attention et un soutien constants.
Pour sa part, le chef de bureau par intérim de la MONUSCO en Ituri s'est aussi réjoui de ce partenariat entre personnel onusien et autorités congolaises qui privilégie l'intérêt des enfants. « C'est la première fois que je vois le personnel des Nations Unies travailler ensemble avec les autorités pour bâtir quelque chose de si grand. Je salue cette approche et cette solidarité agissante. Que cela serve d'exemple », a témoigné Léopold Gnonké.