Le Premier ministre a remis la démission du gouvernement à l'issue du conseil des ministres d'hier, au Palais d'État d'Iavoloha. Une démarche républicaine qui active l'article 54 de la Constitution.
Démission acceptée. Selon le communiqué du conseil des ministres d'hier, Andry Rajoelina, président de la République, a accepté la démission du gouvernement, remise par Christian Ntsay, Premier ministre.
«Dans l'attente de la nomination du nouveau gouvernement, les membres du gouvernement démissionnaires seront chargés des affaires courantes», ajoute le rapport de la réunion de l'Exécutif. Avec cette démission, le locataire de Mahazoarivo remet son poste en jeu. La démarche d'hier au motif du «respect des principes républicains et démocratiques», active l'article 54 de la Constitution.
«Le président de la République nomme le Premier ministre, présenté par le parti ou le groupe de partis majoritaire à l'Assemblée nationale», dispose l'alinéa premier de l'article 54 de la Loi fondamentale. En parallèle de la session spéciale de la Chambre basse et l'élection à venir des membres du bureau permanent de l'institution, les députés de la majorité devront cogiter sur le ou les noms des candidats au poste de chef du gouvernement à présenter au chef de l'État.
L'avenir du Premier ministre constitue la principale incertitude. Une question tient en haleine les observateurs politiques et l'opinion publique, en effet. S'agira-t-il d'un changement de gouvernement ou d'un remaniement ? Dans cette IIIe République, Christian Ntsay détient un record de longévité à Mahazoarivo. Il est en poste depuis le 4 juin 2018, où il a été nommé Premier ministre de consensus, à l'issue de la fronde menée par les soixante-treize députés contre Hery Rajaonarimampianina, ancien président de la République.
La coalition présidentielle «Isika rehetra miaraka amin'i Andry Rajoelina» (Irmar) est l'entité majoritaire à l'Assemblée nationale. Selon des indiscrétions, pourtant, la nomination du Premier ministre et la configuration du futur gouvernement ne sont pas encore à l'ordre du jour des discussions en interne des Orange. Ces derniers se seraient concentrés sur les tractations au sujet de la révision du règlement intérieur de l'institution de Tsimbazaza et la composition de son bureau permanent.
Du sang neuf ?
Jusqu'à l'heure, il n'y a pas de noms de Premier-ministrables qui se chuchotent en coulisse. Contrairement aux noms des candidats potentiels à la présidence de la Chambre basse qui se sont faits insistants dès le lendemain de la proclamation des résultats définitifs de la députation. En déplacement à Toamasina, le 16 juin, le président Rajoelina a déjà laissé entendre qu'il y aura une recomposition de l'équipe gouvernementale.
"Il va de soi que l'issue des législatives définira la configuration des forces politiques. Elle indiquera qui détient la majorité [à l'Assemblée nationale]. Premièrement, c'est celle qui détient la majorité qui présentera le Premier ministre. Ensuite, c'est de cette majorité que sera définie la composition du gouvernement", a déclaré le chef de l'État. Lors de la présentation du gouvernement démissionnaire, en janvier, il a déjà indiqué qu'il y aura du changement à l'issue des législatives.
Toujours à Toamasina, en affirmant qu'il compte "accélérer la vitesse du développement", il a soutenu, "je le dis d'emblée. Pour les dirigeants qui n'arrivent pas à suivre le rythme, je ne pourrais pas vous tracter. Le mieux serait de s'arrêter. Il n'y a plus d'excuses. Ceux qui ne sont pas performants vont descendre. Seuls ceux qui sont à la hauteur vont monter". Ces mots ne sont vraisemblablement pas fortuits.
Jusqu'ici, d'autant plus, six ministères sont dirigés par des intérimaires. Les six ministres titulaires ont démissionné pour cause de candidature aux législatives. La configuration des forces à l'institution de Tsimbazaza, à savoir l'alliance entre l'Irmar et le groupe des quarante-cinq députés indépendants, devrait aussi influer sur l'effectif gouvernemental. La sous-représentativité des parlementaires nommés ministres a, par ailleurs, été une cause de crispation entre l'Exécutif et l'Assemblée nationale durant la précédente législature.
En politique, par ailleurs, pour donner une nouvelle impulsion à la conduite des affaires nationales, la formule classique est d'apporter du sang neuf au sein du gouvernement. Depuis son premier mandat, le Président a procédé à plusieurs turnovers dans l'effectif de l'équipe gouvernementale. Le maintien en place du Premier ministre est toutefois une constante. Après la démission du gouvernement, en début d'année, trois noms de Premier-ministrables ont été présentés par la majorité à l'Assemblée nationale d'alors.
La reconduction de Christian Ntsay, en janvier, a été placée sous le sceau de la "continuité". Une décision qui avait douché les pronostics de plusieurs observateurs. Questionné sur l'avenir du locataire de Mahazoarivo, à l'issue de la proclamation des résultats de la présidentielle, le 1er décembre, à Ambohidahy, Andry Rajoelina a répondu, "on ne change pas une équipe qui gagne". S'en tiendra-t-il à cette ligne de conduite cette fois-ci ?