La classe politique est divisée après la prorogation pour un an du mandat des députés. L'Assemblée nationale, majoritairement acquise au parti au pouvoir le RDPC, a renvoyé les élections législatives en mars 2026 sur proposition du président de la République.
"C'est la roublardise électorale permanente puisqu'il s'agit de distribuer les cartes dans le sens de pouvoir, fausser le jeu", a réagi Hilaire Kamga, porte-parole de la Plate-forme de la société civile pour la démocratie, un mouvement prônant une transition politique au Cameroun.
"Les raisons évoquées pour pouvoir reporter ne sont pas défendables, il suffisait seulement d'arbitrer sur l'affectation des financements disponibles, on était en droit de pouvoir organiser ces élections", ajoute le porte-parole.
"Ces quatre consultations majeures auraient installé le Cameroun dans un cycle électoral permanent tout au long de la même année avec des implications sur le fonctionnement habituel du pays sans compter le poids des charges financières", avait argué président de l'Assemblée nationale pour prolonger le mandat des députés.
Un point de vue battu en brèche par le député Josuah Osih, président du SDF (Social Democratic Front, opposition), pour qui "cette prorogation est complètement contraire aux bonnes pratiques démocratiques."
Le SDF appelle à un jeu politique équitable et demande aussi le report des régionales, pour "les mêmes raisons que le Président de la république a invoquées". "Ce sont les conseillers municipaux en majorité qui votent les conseillers régionaux, donc si les mêmes conseillers municipaux doivent voter deux fois les conseillers régionaux, nous aurons une confiscation de notre démocratie pendant dix ans et sans alternance", explique Josuah Osih.
Au sein du RDPC, le parti au pouvoir, le report des législatives en mars 2026 a été acté de tous. "Je suis habitué à ces prorogations, confie David Manfouo député Rdpc, et là, les circonstances l'exigeaient."
Reste que la prorogation d'un an du mandat des députés sera préjudiciable au MRC, le parti de l'opposant Maurice Kamto, puisque la loi électorale prévoit que seules les formations politiques ayant des élus locaux peuvent avoir un candidat à l'élection présidentielle. Selon François Wakata, le ministre chargé des relations avec les assemblées, le MRC s'est auto-exclu du jeu électoral en boycottant les élections locales de 2020.