L'enlèvement et la disparition forcée du défenseur des droits de l'homme rwandais Yusuf Ahmed Gasana au Kenya et sa présumée « réapparition extraordinaire » au Rwanda il y a un an ne doivent pas rester sans réponse, a indiqué jeudi une experte indépendante des Nations Unies.
La Rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme demande instamment aux autorités rwandaises de vérifier les informations faisant état de sa détention, de faire connaître à sa famille le sort qui lui a été réservé et le lieu où il se trouve, et d'assurer sa sécurité.
« J'ai écrit aux gouvernements kenyan et rwandais pour obtenir des informations urgentes sur son sort, le lieu où il se trouve et son bien-être », a déclaré, dans un communiqué, Mary Lawlor.
Le 30 mai 2023, M. Gasana a été enlevé à son domicile de Nairobi par des personnes non identifiées et a disparu de force. Après avoir signalé sa disparition aux autorités kenyanes, sa famille n'a reçu aucune réponse.
Dans le cadre de sa procédure humanitaire d'urgence, le Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires a soulevé le cas de Yusuf Ahmed Gasana auprès du gouvernement kenyan et, dans son rapport au Conseil des droits de l'homme en septembre 2023, a déclaré que son enlèvement et sa disparition forcée auraient été perpétrés par des agents de l'État.
Enquêter sur l'incident et révéler le lieu où il se trouve
Entre septembre 2023 et mars 2024, la famille de M. Gasana a appris de sources informelles qu'il était détenu dans un centre de détention secret au Rwanda.
« Le Rwanda et le Kenya sont liés par la Déclaration sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et ont l'obligation d'enquêter rapidement, de rechercher la personne disparue et de demander des comptes aux responsables de ces crimes », a fait valoir l'experte.
Yusuf Ahmed Gasana est membre d'une organisation communautaire de réfugiés à Nairobi qui milite contre le rapatriement involontaire des réfugiés rwandais.
« La famille de M. Gasana a besoin de réponses de la part des autorités kenyanes, qui doivent immédiatement enquêter sur l'incident et révéler son sort et le lieu où il se trouve », a insisté l'experte, relevant qu'il est « particulièrement alarmant que les inconnus qui ont enlevé et fait disparaître de force M. Gasana de son domicile soient soupçonnés d'être des agents de l'État kenyan ».
Ce communiqué de la Rapporteure spéciale est également endossé par les quatre membres du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires.
NOTE :
Les Rapporteurs spéciaux, les experts indépendants et les groupes de travail font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand groupe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les parties du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et travaillent à titre individuel.