Sénégal: 100 jours à la tête du pays - La gouvernance Diomaye à la loupe

12 Juillet 2024

Elu cinquième (5e) président de la République, dès le premier tour de l'élection présidentielle du 24 mars 2024, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a prêté serment, le mardi 2 avril 2024, au Centre International de Conférence Abdou Diouf (CICAD) - à Diamniadio. Après une centaine de jours aux commandes, retour sur quelques faits saillants de la gouvernance du plus jeune chef de l'Etat que le Sénégal indépendant ait connu.

«Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de Président de la République du Sénégal, d'observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l'intégrité du territoire et l'indépendance nationale, de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l'unité africaine.»

La formule du serment prononcée et reçue par la Haute juridiction constitutionnelle, le Conseil constitutionnel, en présence de chefs d'institutions nationales, de chefs d'Etat et représentants de Gouvernement et plusieurs invités, le mardi 2 avril 2024 au Centre International Abdou Diouf (CICAD) - à Diamniadio, le président de la République nouvellement élu, Bassirou Diomay Diakhar Faye, entre officiellement en fonction.

Aussitôt, dans son discours d'investiture, il annonce la couleur, déclinant sa feuille de route : la réduction du coût cher de la vie, l'emploi des jeunes, la réconciliation de la justice avec les justiciables, la diplomatie... entre autres seront érigés en priorité, sous le signe du «Jub, Jubal, Jubbanti». Une centaine de jours à l'épreuve de la réalité de l'exercice du pouvoir, force est de relever, au titres des faits marquants, notamment les décisions impactant directement «goorgoolu» et des acteurs majoritaires de la société sénégalaise, l'épurement de la dette paysanne (campagne arachidières précédentes, éleveurs), la mise en place des semences, l'organisation d'Assises sur la Réforme et la Modernisation de la Justice dont les recommandations issues des conclusions feront l'objet des prochaines révisions constitutionnelles, entre autres actions dans le domaine socioéconomique.

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Quelques mesures et initiatives a impact social direct

Dans le secteur de l'économie pour lequel le chef de l'Etat a réceptionné, des mains du ministre sénégalais de l'Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop, le mercredi 12 juin 2024, un échantillon du premier baril de pétrole, produit au champ de Sangomar, situé à une centaine de kilomètres au large de Dakar, il s'est attaqué à la vie chère.

La cherté du coût de la vie étant aussi l'une des principales préoccupations des Sénégalais et le gouvernement, après plusieurs séances de négociations avec les acteurs concernés, a annoncé la baisse des prix des denrées, le mardi 13 juin. La mesure sera effective à partir du lundi 24 juin 2024. Une suspension de taxes d'un montant annuel de 53,4 milliards de F CFA a été faite pour soutenir la baisse, a déclaré le ministre du Commerce et de l'Industrie, Dr Serigne Gueye Diop.

Les nouveaux prix ont été dévoilés à l'issue de la réunion du Conseil National de la Consommation, tenue le vendredi 21 juin 2024. Ces baisses concernent l'huile raffinée, l'huile de palme raffinée, le riz, le sucre cristallisé, la farine, le pain et le ciment.

Un autre acte posé par les nouvelles autorités, c'est la décision du ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, El Hadji Malick Ndiaye, avec le déploiement de plus de 100 bus de la société nationale de transport public Dakar Dem Dikk (DDD) à des prix défiant toute concurrence, pour faciliter les déplacements.

Une mesure saluée par plus d'un. Toutefois, à la veille du pèlerinage à La Mecque 2024, le convoiement des pèlerins sénégalais aux Lieux Saints de l'Islam, a connu plusieurs couacs et retards de vols. Avant que les autorités ne reprennent les choses en mains. Ils auront réussi, néanmoins, à ramener le séjour des «oujaj» en terre saoudienne de 28 à environ 23 jours, soit 5 jours de moins que les précédents Hajj.

L'émigration irrégulière par la mer continue, en attendant des mesures idoines.

Seulement, en plus du patronat et des chefs d'entreprises qui redoutent la «pression» fiscale, le rapport «heurté» avec des médias Sénégalais dont les comptes de certains sont bloqués par le fisc inquiète nombre d'observateurs. En attendant la résolution de l'équation du logement et de l'accès à l'habitat, avec le coût exorbitant du loyer, malgré des actes posés çà et là dont la suspension de certains lotissements et des travaux sur le Domaine public maritime et la mise en place d'une Commission Ad Hoc chargée de tirer au clair les impairs dans ce secteur.

En outre, s'agissant de la question de l'emploi des jeunes, les nouvelles autorités cherchent toujours la bonne formule. D'ailleurs, face à la vague de déguerpissements entamée par des municipalités, suscitant désarroi chez les marchands ambulants et tabliers concernés par la mesure, le Premier ministre, Ousmane Sonko, qui s'est rendu à Colobane, le dimanche 30 juin dernier, pour livrer le message de compassion du président Diomaye Faye aux vendeurs à la sauvette déguerpis, a prôné des sites de recasement au préalable, tout en activant la Délégation à l'entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (DER/FJ), pour le financement des projets de ces «braves jeunes qui méritent d'être soutenus».

En attendant, le phénomène de l'émigration irrégulière par la voie maritime et le désert du Sahara, avec des centaines voire des milliers de morts sur ces routes de l'aventure périlleuse vers «l'Eldorado européen» continue.

En atteste, en plus de nombreuses tentatives tuées dans l'oeuf par les Forces de défense et de sécurité, avec des centaines de candidats interpellées ces dernières semaines par la Marine Nationale, la Gendarmerie, un drame survenu début juillet a ému plus d'un. Une embarcation en provenance du Sénégal et en partance pour l'Espagne a chaviré au large des côtes mauritaniennes, avec à son bord près de 90 jeunes à la recherche d'une vie meilleur en Europe.

«Les garde-côtes mauritaniens ont retrouvé les corps de 89 personnes à bord d'un grand bateau de pêche traditionnel qui a chaviré, le lundi 1er juillet, sur les côtes de l'océan Atlantique», à 4 kilomètres de la ville de Ndiago (Sud-ouest de la Mauritanie), a rapporté l'Agence mauritanienne d'information (AMI), le jeudi 4 juillet dernier.

Rupture dans la diplomatie, en privilégiant le bon voisinage

Le nouveau chef de l'Etat sénégalais, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a fait de la diplomatie du «bon voisinage» un axe majeur de sa politique diplomatique. Contrairement à ses prédécesseurs qui ont réservé leur première sortie aux partenaires occidentaux notamment la France, il consacrera ces premières visites officielles «d'amitié et de travail» à la sous-région ouest africaine.

C'est ainsi qu'il a effectué, tour à tour, des déplacements officiels d'abord en Mauritanie voisine, le jeudi 18 avril, suivie de la Gambie, le 20 avril 2024, de la Guinée-Bissau, le 30 avril 2024. Après ces pays limitrophes du Sénégal, le président Diomaye Faye fera cap sur la Côte d'Ivoire, la locomotive de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), où il a été reçu à Abidjan dans la matinée du 7 mai dernier.

Après l'UEMOA, place à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), avec ses visites officielles, le jeudi 16 mai dernier, à Abuja, la capitale de la République Fédérale du Nigéria (qui assure la présidence de la CEDEAO) et à Accra au Ghana, le lendemain, vendredi 17 mai. Dans ce dernier pays, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue Nana Akufo-Addo au Jubilee House (Palais de la République), le chef de l'Etat sénégalais a exprimé son engagement pour la consolidation des acquis de la CEDEAO, entre autres.

Une CEDEAO qui «vit actuellement des moments difficiles» à cause des coups d'Etat dans quatre pays de la sous-région (Burkina Faso, Guinée, Mali et le Niger) et le départ annoncé (de la CEDEAO), depuis le 30 janvier 2024, du Burkina Faso, du Mali et du Niger, trois pays à régimes militaires réunis au sein de l'Alliance des Etats du Sahel devenue, depuis samedi dernier, la Confédération des Etats du Sahel (AES). D'ailleurs, le lendemain dimanche 7 juillet, à l'issue du 65e Sommet de la CEDEAO tenu à Abuja, au Nigéria, les présidents Bassirou Diomaye Diakhar Faye du Sénégal et Faure Gnassingbé du Togo ont été désignés par leurs pairs pour arrondir les angles entre la CEDEAO et l'AES.

Par la suite, il s'est rendu, le vendredi 24 mai 2024, pour des visites de travail et d'amitié, au Cap-Vert et en Guinée. Quelques jours après, le président Faye sera reçu par ses homologues, chefs des juntes au pouvoir, du Mali et du Burkina Faso, le jeudi 30 mai 2024, respectivement à Bamako et à Ouagadougou. Le président Diomaye Faye était également à Freetown, en Sierra Léone, le jeudi 13 juin 2024, pour une visite d'amitié et de travail.

Et la première visite du président sénégalais hors d'Afrique aura lieu le mercredi 19 juin. Il s'est rendu à cette occasion à Paris, en France, où il a pris part (le jeudi 20 juin) au Forum mondial pour la souveraineté et l'innovation de l'Alliance du vaccin (GAVI) et de l'Union africaine (UA), avant un déjeuner avec le président français Emmanuel Macron, le jeudi 20 juin, à l'Élysée.

Un moment pour réaffirmer leur engagement pour «un respect mutuel, un partenariat équilibré au service des intérêts réciproques des deux peuples, unis par des valeurs démocratiques partagées, par un lien humain et une relation d'amitié», a souligné un communiqué.

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