Congo-Kinshasa: Travaux de l'avenue Nguma - Jean-Pierre Kambila Kankwende interpelle !

L'action citoyenne participe de la démocratie et répond au souci d'améliorer les choses. Elle pointe le doigt sur les faiblesses de la société pour tenter de les corriger. Elle dénonce dans l'espoir d'éradiquer le mal. Elle vise à éclairer l'opinion et, si nécessaire, à remettre la société sur le droit chemin; elle suggère des corrections à ceux qui s'égarent ou encouragent le maintien des antivaleurs. Elle met le cap sur des objectifs positifs et contribue au changement des mentalités.

L'action citoyenne ne vise pas le malheur de qui que ce soit et ne s'attaque pas aux intérêts honnêtes des autres, mais agit exactement pour le contraire; elle vient annihiler les effets du dicton imbécile, largement rependu sous nos cieux : « yo okanisi été, yo nde okobongisa mboka oyo ? »

L'action citoyenne est un devoir moral. C'est une obligation pour tout nationaliste-patriote de contribuer à nous sortir de l'indifférence face à la détérioration de nos conditions de vie.

La qualité des travaux qui viennent d'être exécutés sur l'avenue Nguma, à Kinshasa, appelle à une critique relevant de l'action citoyenne.

L'avenue Nguma, l'une des artères importantes de la capitale congolaise, est la voie qu'empruntent quotidiennement des milliers d'habitants tant des quartiers huppés de Binza et de Mont Ngafula que ceux des autres zones populaires du Sud-Ouest de la ville pour rejoindre le centre névralgique de la Gombe. Je ne prends pas trop de risques en affirmant, sans statistique, qu'un minimum de plusieurs centaines de milliers de personnes prend cette route chaque jour. Elle part de Kintambo-Magasin, où se rencontrent l'avenue Colonel Modjiba, le prolongement du boulevard du 30 juin, et l'avenue Kasavubu pour se diriger vers la Cité verte en ayant fait jonction avec la route de Matadi près du marché des meubles de Delvaux/Météo.

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La longue et importante artère est demeurée pendant longtemps dans un état de délabrement avancé.

Au temps de sa splendeur, on pouvait, en conduisant entre 20 et 40 km/h, joindre Binza- Upn ou Pigeon, depuis le boulevard du 30 juin en environ une demi-heure, si pas moins. Pendant les années de galère, - avec le délabrement de la chaussée, les multiples nids de poule joints à l'indiscipline de nos motards et aux embouteillages, - le parcours exigeait jusqu'à 3 heures.

Voilà quelques années, les autorités décidaient opportunément de remédier à la situation par une rénovation annoncée comme totale.

Il y a quelques semaines, le Président de la République a effectué, lui-même, une décente sur les lieux pour encourager les entreprises qui s'attelaient à la rude tâche de redonner à cette artère sa fonction et lui offrir meilleure allure. La visite d'inspection avait été vivement applaudie et appréciée à sa juste valeur par tous ; nombres d'habitants ou riverains avaient explicitement exprimé leur satisfaction et adressé les remerciements au Chef de l'Etat.

Voilà environ deux mois, les travaux ont été annoncés comme terminés et la route rendue à la circulation. Or, malheureusement, les usagés constatent, non sans étonnement, que l'entrée de la belle cité du "Mont fleuri" qui part directement de l'avenue Nguma est toujours impraticable, et qu'un lac s'y forme, dans l'indifférence, à l'entame même de l'avenue menant vers Binza, mettant les amortisseurs des véhicules à rude épreuve. Les kinois se rappelleront l'histoire du fameux lac "Libulu-Mazengele" de triste mémoire.

Encore plus inacceptable, les dalles de béton récemment posées pour couvrir la petite rigole qui traverse la voie au niveau de l'entrée de l'hôpital Akram se désagrègent déjà, ralentissant gravement la circulation automobile.

Avec la rénovation de cette artère, on aurait pu s'attendre à un relatif embellissement des environs. Il est vrai que la mobilité s'est améliorée, mais le lieu n'a rien gagné sur le plan de l'ordre ni de l'esthétique, même en ce qui est de la simple propreté. Peut-on parler de salubrité ? Tout le long de l'avenue jonchent encore des restes du chantier et des débris de toutes natures. On penserait que la rénovation a interdit tout entretien ou simple nettoyage.

Lorsque l'on s'approche du Palais de marbre, un des sites symboliques et potentiellement touristique de la Capitale, les lieux donnent une impression, aujourd'hui comme hier, d'abandon et de négligence fort regrettable. Aux abords de l'impressionnante et belle clôture en moellons rouge et ornement en fer forgé, à l'endroit où la route prend la forme d'un arc de cercle, s'amoncellent des tas de caillasses, de part et d'autre de la chaussée, sur lesquelles gisent des bouteilles en plastiques en lutte contre des herbes sauvages qui tentent de reprendre vie.

Que nous révèle cette situation ? Que devrions-nous, en tant que patriotes et amoureux de Kin, tirer comme leçon de la rénovation de cette remarquable voie de Kinshasa ?

Disons-le franchement, cet épisode témoigne de notre manque de sérieux dans ce que nous entreprenons. L'allure négligée de la fin du chantier et l'état de désordre de l'objet rendu à l'usage de la population sont proprement inadmissible au regard des normes généralement acceptées à travers le monde. On peut également relever le peu de respect que nous avons à l'égard de nos autorités. Comment accepter qu'un chantier visité par le Chef de l'Etat soit remis en service dans un état si peu avenant ?

De plus, où avons-nous mis notre dignité ? Sur cette avenue circulent de nombreux diplomates et autres étrangers habitant les quartiers réputés bourgeois des hauteurs de la ville. Quelle impression donnons-nous à nos hôtes ? Que mettent-ils dans les rapports qu'ils expédient régulièrement chez eux ? Avons-nous renoncé à tout souci d'image ?

Par ailleurs, dans une ville comme Kinshasa, un chantier routier de plusieurs kilomètres ne peut pas être sans impact sur la psychologie des habitants et notamment des jeunes. Peut-on penser que le travail réalisé à l'avenue Nguma a été exemplaire ? Pouvons-nous en être fiers ?

Pardonnez la relative sévérité de ce texte et accepter sa franchise ; c'est en nous disant certaines vérités que nous arrêterons notre dégringolade.

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