Les pays de l'Alliance des États du Sahel (AES), désormais réunis en confédération, ont une nouvelle fois rappelé samedi 12 juillet le caractère irrévocable de leur décision, annoncée en janvier dernier, de quitter la Cédéao. Pourtant, le lendemain, l'organisation ouest-africaine à une nouvelle fois émis le voeu d'un retour de ces trois pays et a même nommé officiellement le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, médiateur, pour y parvenir.
Cela fait plus de six mois que le Mali, le Burkina et le Niger ont annoncé leur retrait de la Cédéao, avec effet immédiat. Si les textes prévoient un préavis d'un an, ce retrait est explicitement mentionné dans la Charte qui a officiellement créé samedi 12 juillet la confédération de l'Alliance des États du Sahel (AES).
Certains observateurs voient donc dans l'obstination de la Cédéao à tenter de faire revenir les trois pays une forme de déni, voire d'arrogance.
Mais pour Aly Tounkara, enseignant-chercheur à l'université de Bamako et directeur du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S), la Cédéao est dans son rôle. « Il est de la responsabilité de la Cédéao de rassembler les États ou de tenter de maintenir cet équilibre sous-régional important, à la fois pour les trois pays qui l'ont quitté, et pour le reste de la communauté », nous explique-t-il.
« Éviter le retrait des trois pays frères »
Depuis le mois de janvier, la Cédéao a tenté diverses approches. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, officiellement médiateur depuis dimanche dernier, compte « tout faire pour éviter le retrait des trois pays frères. »
Mais pour le chercheur malien, ses chances de réussite sont minces. « C'est, pour la Cédéao, un argumentaire solide pour dire qu'elle a joué toutes les cartes, précise Aly Tounkara. Mais au regard de la tension entre ces trois États et le reste de la communauté, le retour reste une hypothèse tout à fait marginale. »
Les dirigeants de l'AES ont multiplié les déclarations hostiles à l'égard de la Cédéao, qu'ils présentent comme manipulée par la France. Leurs opposants estiment plutôt qu'il s'agit pour eux de se prémunir contre les règles de l'organisation régionale afin de se maintenir au pouvoir.
Il y a quelques jours, le ministre malien des Affaires étrangères déclarait, comme un ultime conseil aux chefs d'État de la Cédéao : « Nous devons cesser de regarder dans le rétroviseur. »