Madagascar: Rosa Rakotozafy - « J'ai pris conscience de mon évolution et qu'avec du travail, de la volonté et du courage, tout est possible »

Rosa Rakotozafy, un nom indissociable du monde du sport malgache. Multiple championne de Madagascar, double championne d'Afrique du 100 m haies, elle a participé aux Jeux olympiques de Sydney 2000 et d'Athènes 2004.

Elle a été à plusieurs reprises porte-parole des sportifs lors des compétitions internationales. Actuellement, elle est Directrice générale des Sports, et beaucoup de chemins ont été parcourus depuis.

C'est une femme influente qui milite toujours pour la cause féminine. D'athlète à présidente du Comité intergouvernemental pour l'éducation physique et le sport (CIGEPS), elle a montré aux athlètes que le sport mène à tout et partout. Interview.

Midi Madagasikara : Pouvez-vous nous rappeler votre parcours en tant qu'athlète ?

Rosa Rakotozafy (R.R) : « J'ai débuté ma carrière d'athlète à l'ASSFX Fianarantsoa. J'ai remporté plusieurs championnats de Madagascar en catégorie cadette et toutes catégories dans les épreuves du 100 m haies, du relais 4x100 m et 4x400 m, parfois aussi le 400 m haies ».

MM. : À l'approche des Jeux olympiques de Paris 2024, quelle place occupent les JO dans votre vie ?

R.R : « Les Jeux olympiques sont l'événement sportif le plus important. J'ai eu la chance de participer à deux reprises aux JO, en 2000 à Sydney et en 2004 à Athènes, et cela n'a pas été facile, car pour l'athlétisme, il faut réaliser les minimas. À toutes les compétitions auxquelles j'ai participé, j'ai été qualifiée en réalisant les minimas ».

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MM. : Que représente pour vous le fait d'avoir été le porte-drapeau de Madagascar aux Jeux olympiques d'Athènes ?

R.R : « Les Jeux olympiques représentent le graal pour les athlètes, que ce soit pour ceux qui sont qualifiés en réalisant les minimas ou ceux invités par wild-card. C'est vraiment un grand honneur pour moi d'avoir été choisie comme porte-drapeau de la délégation malgache lors de la cérémonie d'ouverture des JO d'Athènes en 2004.

Cela a été une opportunité due à mes résultats. Il est important de rappeler que tout athlète ne représente pas seulement son nom lors de ces grandes compétitions internationales, mais porte aussi l'honneur de Madagascar sur son dossard ».

MM. : Quels sont les secrets pour obtenir de telles performances ?

R.R : « Ce n'est pas facile d'atteindre de tels résultats dans le monde du sport. Premièrement, il faut de la volonté car les athlètes ne mènent pas la vie ordinaire des jeunes de leur âge ; nous devons faire beaucoup de sacrifices. Alors que les membres de notre famille assistent à des fêtes, nous sommes sur la piste d'entraînement, même le week-end, les jours fériés. J'ai eu l'opportunité d'intégrer le centre international d'athlétisme de Dakar.

C'est lors de ma participation aux Jeux de la Francophonie à domicile en 1997 que j'ai été repérée par feu Hervé Stéphan. J'ai bénéficié d'une bourse du FFPO (Fonds francophone pour la préparation olympique).

Il cherchait des futures étoiles et m'a demandé si j'étais motivée pour intégrer le centre qui venait d'ouvrir ses portes. C'est là que ma carrière internationale a vraiment débuté. Les entraînements étaient rigoureux au centre, en plus du suivi médical et nutritionnel.

À l'époque, je pesais 54 kg. Alors, j'ai travaillé dur. Mon entraîneur m'a assuré que je pouvais aller très loin dans l'athlétisme. Nous avions un programme de compétitions très chargé, participant à des meetings et à des tournois régionaux en Afrique ».

MM. : Quel est votre palmarès ?

R.R : « J'avais vraiment soif de victoires. Passer de 14 secondes à 12"90 n'a pas été facile du tout. En 1997, j'ai intégré le centre et un an plus tard, j'ai remporté une médaille d'or aux Jeux des Îles à La Réunion en 1998 et ai été vice-championne d'Afrique en relais 4x100 m. En 2000, j'ai été vice-championne d'Afrique et en 2002, j'ai été sacrée championne d'Afrique, titre que j'ai conservé deux ans plus tard en 2004. Grâce à ces résultats, j'ai été qualifiée pour les Championnats du monde et j'ai atteint les minimas pour les Jeux Olympiques. Après une pause de sept ans, j'ai remporté la médaille d'or aux Jeux des Îles en 2011 aux Seychelles et le bronze aux Jeux Africains de Maputo ».

MM. : 25 ans plus tard, vous êtes toujours détentrice du record de Madagascar des 100 m haies. Quel est votre ressenti ?

R.R : « J'ai réalisé ma meilleure performance, le record de Madagascar, le 31 juillet 1997 à Niort avec un temps de 12"84. J'ai établi le record de Madagascar du 200 m en Afrique du Sud en 23"09.

Actuellement, je suis heureuse que Sidonie Fiadanantsoa soit très proche de battre ce record, car je fais partie des personnes qui l'ont encouragée à se spécialiser dans les haies. Elle fait partie des meilleures athlètes du continent au 100 m haies. Vu sa détermination et son engagement, je suis optimiste sur le fait qu'elle puisse battre ce record ».

MM. : Qu'est-ce qui vous a le plus marqué dans votre carrière ?

R.R : « Ce n'est pas seulement les médailles, mais surtout les performances. J'ai pris conscience de mon évolution grâce au travail, à la volonté et au courage ; tout est possible.

En termes de compétition, mon titre de championne d'Afrique en 2002 en Tunisie reste l'un de mes meilleurs souvenirs, car à l'époque, j'affrontais les meilleures Nigérianes, championnes en titre, et cette course m'a permis de me qualifier pour la Coupe du monde en Espagne, représentant l'Afrique. De plus, j'ai gagné le jackpot, Adidas devenant mon équipementier ».

MM. : Après avoir raccroché vos chaussures de sport, qu'avez-vous fait ?

R.R : « En tant qu'athlète, j'ai adopté une mentalité sportive où le travail prime avant tout, sans oublier la détermination, la volonté et le sérieux. Après avoir travaillé dans le secteur privé dans des salles de sport, j'ai intégré le ministère de la Jeunesse et des Sports en 2012 en tant que membre du cabinet après que j'ai discuté avec le président Andry Rajoelina du temps de la transition. En 2014, j'ai été nommée directrice du sport fédéral et en 2019, j'ai pris la tête de la Direction générale des Sports ».

MM. : Vous êtes la première femme présidente du CIGEPS. Comment avez-vous réussi à atteindre ce poste ?

R.R : « En 2019, Madagascar a accueilli la conférence sur le plan de Kazan. Lors de cette réunion, le président Andry Rajoelina a été élu champion d'Afrique pour la qualité de l'éducation physique et la mise en oeuvre en Afrique du plan d'Action de Kazan, par l'Union africaine et l'UNESCO.

Madagascar a été sollicité par ma personne pour présider le Comité intergouvernemental pour l'éducation physique et le sport (CIGEPS), par consensus des membres. Je suis la première athlète olympique et première femme à diriger ce comité depuis sa création en 1978.

Je suis également la première femme présidente de l'association régionale anti-dopage de l'Océan Indien et la première athlète olympique et Directrice générale des Sports au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports.

En arrivant là où je suis aujourd'hui, je peux dire que le sport peut vous amener là où il faut lorsque vous vous engagez pleinement dans tout ce que vous entreprenez. Grâce à mes voyages et mes différentes rencontres avec les instances internationales du sport, j'ai pu acquérir beaucoup d'expériences, non seulement en termes de performances, mais aussi en matière d'apprentissage ».

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