Les nouveaux évangiles enseignés ici et là dans les associations religieuses deviennent de plus en plus inquiétants. Un rapide constat est que toutes ces associations s'écartent de plus en plus de l'évangile cardinal de la chose religieuse qui met en exergue le travail en ces termes, « Le tout s'obtient au prix de la sueur de son front ». Car on peut réciter mille et une prières, versets ou évangiles, rien ne tombera du ciel si quelque part, ces prières ne sont pas mises en valeur par le travail.
Loin de nous l'idée de nous substituer à l'auteur de cette parole biblique et d'emprunter le labyrinthe spirituel complexe, il est cependant clair que dans Genèse 3 :19, il est mis en valeur le travail pour le bien-être humain et social. Sans travail, un individu ni un pays ne pourront se développer socio-culturellement et socio-économiquement. Mais ces associations religieuses professent à leurs fidèles ces derniers temps qu' « il suffit de prier, toujours prier pour que le pain arrive à vous ».
Ce sont donc, d'une part, des veillées de prières qui vont de 18 heures à l'aube durant des mois et des mois et, d'autre part, des calendriers hyper chargés de toute sorte de cultes et croisades qui perturbent certains fidèles à la recherche d'emploi ou d'une situation socio-économique acceptable. Ne sachant plus à quel saint se vouer, ils mettent en avant la prière et rejettent l'idée de créer de l'emploi ou du travail, ayant déjà avalé l'idée selon laquelle, seule la multiplicité des prières conduit au bonheur.
Tu gagneras ta vie à la sueur de ton front. Cette parole biblique, négligemment enseignée dans les associations religieuses au profit de la litanie de prières sans fin, rejoint quelque part la thèse de Jacques Roumain quand il dit : « L'homme est le boulanger de sa vie ».
C'est par le travail que l'homme assume et définit son existence sociale. Nous condamnons ici cette théorisation à la paresse que des associations religieuses ne cessent d'inculquer dans l'imaginaire collectif des croyants et fidèles. Il y a même certains fidèles qui ont la chance d'être embauchés dans une entité et refusent de travailler, parce qu'ayant reçu, soi-disant, une révélation selon laquelle il faut se consacrer à une séance interminable de prières pour avoir plus de bonheur.
Le poème de Jean de La Fontaine, « Le laboureur et ses enfants», dit pourtant que «le travail est un trésor». Alors pourquoi cette poésie n'est-elle pas enseignée dans des associations religieuses ?
L'Etat se préoccupe pourtant de l'insertion socio-professionnelle des jeunes et de leur autonomisation économique. Cependant, ces soi-disant hommes de Dieu créent une réticence chez ces jeunes vis-à-vis du travail en valorisant plus des prières ou de cultes inouïs.
Tout le monde connaît la célèbre aventure qui s'était passée à l'esplanade de l'aéroport Maya-Maya, à Brazzaville, il y a plus d'une dizaine d'années, où des fidèles d'un certaine association religieuse s'y étaient amassés, semble-t-il, pour se rendre aux Etats-Unis à travers un miracle qui allait se produire par le truchement d'une litanie de prières. Une aventure qui s'était soldée par un fiasco.
La façon dont ces associations obligent leurs fidèles à multiplier des prières nuit et jour, si c'était des enseignements valorisant le travail, nombreux auraient déjà quitté cet état de paupérisation qui continue de coller à leur peau pour s'auto-insérer économiquement.