Maroc: Le bâton comme seul argument du gouvernement - L'oppression en guise de discussion

Il semble que notre vénérable gouvernement ne sache parler que deux langages : ceux du bâton et de la dérobade.

Mercredi dernier, alors que les professionnels de la santé manifestaient pacifiquement à Rabat, l'Exécutif n'a rien trouvé de mieux que la répression pour les faire taire. Ce mouvement de protestation est intervenu après que les syndicats de la santé ont pris acte que l'ordre du jour du Conseil de gouvernement comprenait l'examen de projets de décret.

Le premier porte sur l'application de certaines dispositions de la loi relative à la création des groupements sanitaires territoriaux, le deuxième est relatif à la mise en oeuvre de la loi sur la création de l'Agence marocaine des médicaments et des produits de santé, tandis que le troisième concerne l'application de certaines dispositions de la loi relative à la création de l'Agence marocaine du sang et de ses dérivés.

Lors de leur intervention musclée, les forces de l'ordre ont eu recours à la force et aux canons à eau pour disperser les manifestants dont des médecins, des infirmiers et d'autres catégories de professionnels de la santé.

Le bureau central de la FDT a exprimé sa solidarité avec les professionnels de la santé, victimes de répression et de violence, dénonçant l'arrestation de plusieurs d'entre eux. « Nous dénonçons l'intervention violente et injustifiée qui a visé des manifestants pacifiques défendant les droits des salariés d'un secteur vital », a martelé la FDT dans un communiqué de presse, notant qu'elle a décidé d'envoyer des correspondances aux ministres de la Justice et de l'Intérieur ainsi qu'au CNDH.

En plus de la répression, le gouvernement excelle également dans l'utilisation de faux-fuyants pour se dérober à ses responsabilités. L'exemple le plus édifiant est l'attitude incompréhensible de l'Exécutif face à la grève des étudiants en médecine et en pharmacie, qui dure depuis neuf mois.

En plus des récents examens des facultés de médecine et de pharmacie boycottés par des milliers d'étudiants. Et quand les groupes de l'opposition, composés du Groupe socialiste-Opposition ittihadie, du Groupe Haraki, du Groupe du Progrès et du Socialisme et du Groupement parlementaire du PJD, ont tenté d'interpeller le gouvernement sur cette crise qui perdure depuis des mois, ce dernier a fait une fois de plus preuve de son mépris pour le processus démocratique et le rôle constitutionnel du Parlement dans le contrôle de l'action gouvernementale en se murant dans un refus systématique de répondre à leurs demandes de discussion concernant des sujets d'intérêt public vital tels que la grève des étudiants en médecine.

Dans un communiqué parvenu à Libé, les groupes de l'opposition à la Chambre des représentants soulignent «qu'ils ont, à maintes reprises, soumis des demandes de prise de parole sur des sujets urgents qu'ils estiment cruciaux et bénéfiques pour éclairer et informer l'opinion publique. Cependant, leurs requêtes ont été systématiquement écartées par le bureau de la Chambre qui ne les a même pas transmises au gouvernement».

Ce mépris de l'institution parlementaire, en général, et des groupes de l'opposition, en particulier, et le refus systématique de répondre à leurs questions, leurs suggestions et même leurs propositions de lois, ne sont qu'une manifestation de l'hégémonisme gouvernemental.

«Cet hégémonisme au niveau parlementaire se manifeste par des pratiques qui brident le débat politique comme le dépôt de projets de loi à la dernière minute pour accélérer leur adoption sans être suffisamment discutés par les parlementaires», alors que le gouvernement dispose d'une majorité largement suffisante pour faire passer facilement ses projets, a relevé le président du Groupe socialiste-Opposition ittihadie à la Chambre des représentants Abderrahim Chahid, lors d'une conférence de presse organisée par le Groupe socialiste en juillet 2023.

Et d'ajouter : «Cela fragilise le champ politique marocain et rompt l'équilibre au niveau de l'institution parlementaire et, partant, menace la démocratie marocaine et le pluralisme politique».

Abderrahim Chahid a également indiqué que «le gouvernement fait fi des initiatives législatives et de contrôle» de l'opposition, rappelant «l'absence injustifiée de plusieurs de ses membres lors des réunions et séances plénières consacrées aux questions orales», et «son incapacité à répondre à un grand nombre de questions écrites, que ce soit dans ou en dehors des délais constitutionnels prévus».

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