Sénégal: Le président Faye aborde les urgences sociales, la fiscalité, l'emploi, ses rapports avec le Premier ministre, etc

Le Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye

Dakar — Urgences sociales, fiscalité, emploi des jeunes, rapports avec le Premier ministre, situation politique, défense nationale : le chef de l'Etat a abordé de nombreux sujets lors de sa première conférence de presse organisée samedi dans la soirée au Palais de la République.

Pour ce premier face à face avec les journalistes, plus de 100 jours après sa prise officielle de fonction, Bassirou Diomaye Faye a répondu aux différentes interpellation avec sérénité et humilité.

Le but n'est pas de faire le bilan de 100 jours de gouvernance, a-t-il tenu d'emblée à préciser, parlant d'une "volonté de redevabilité" en invitant la presse nationale.

Sollicité pour des interviews lors de son dernier séjour en France, Bassirou Diomaye dit avoir plutôt jugé nécessaire de s'entretenir avec les journalistes sénégalais pour aborder avec eux les questions qui préoccupent ses compatriotes.

Il est revenu sur les mesures prises par le gouvernement pour réduire le coût de la vie avec la baisse des prix des denrées de première nécessité.

Bassirou Diomaye Faye qui dit avoir hérité d'une situation économique difficile, avec des indicateurs "au rouge", souligne qu'il a fallu prendre des décisions urgentes pour la fourniture en hydrocarbures, le blocage de certains contrats.

Le chef de l'Etat a confié avoir bloqué une décision d'augmentation du prix de l'eau prise par son prédécesseur.

"Pour ce qui est de l'eau, nous avons aussi trouvé des choses pas nettes. À titre d'exemple, mon prédécesseur et son équipe ont pris un arrêté le 29 mars 2024 pour augmenter le coût de l'eau consommé par les ménages. À peine installé, je risquais de faire face à des mécontentements des populations dus à des factures élevées, ce qui est anormal", a expliqué le chef de l'Etat.

Le président de la République a adopté la même démarche dans le secteur de la santé où il dit avoir "découvert des contrats et autres marchés qu'on a voulu signer à la hâte pour des gens aux niveaux des hôpitaux".

"À l'époque, je n'avais pas encore prêté serment. Mais j'ai appelé directement la ministre de la Santé de l'époque pour lui dire que ces contrats sont illégaux et qu'ils ne doivent pas être signés. Elle a respecté les directives que je lui ai données. Ces contrats étaient surfacturés de façon inimaginable et inacceptable. Nous avons donc bien fait de les bloquer", a dit Bassirou Diomaye Faye.

Concernant l'emploi, le chef de l'Etat a déclaré avoir une claire conscience des attentes de la jeunesse, assurant que le gouvernement travaille à y apporter des solutions.

La stratégie du gouvernement face à cette problématique repose sur la formation, la requalification en adéquation avec les besoins du marché. Le chef de l'Etat a souligné que le secteur privé aussi sera mis à contribution.

Il y a, a-t-il expliqué, lieu de renforcer le secteur primaire pour absorber le maximum de main-d'oeuvre.

Sur la question de la fiscalité, le président de la République a réfuté toute "pression" sur les entreprises pour les amener à payer l'impôt.

Evoquant une "déformation professionnelle" en tant qu'Inspecteur des Impôts, il a souligné la nécessité de "répartir la charge fiscale" et dénoncé les remises gracieuses d'impôts qui entrainent des pertes de ressources pour l'Etat.

"Si nous n'avons plus de marge pour augmenter la dette publique, où allons-nous trouver cet argent ?", s'est interrogé le chef de l'Etat.

Selon lui, l'Etat ne peut pas poursuivre "sur cette dynamique" et la solution "était de féliciter les entreprises qui payaient et de demander aux autres de rembourser leurs dettes fiscales".

Bassirou Diomaye Faye a assuré que tant qu'il sera président de ce pays, "le paiement des impôts sera beaucoup plus pris en considération".

Interrogé sur ses rapports avec le Premier ministre Ousmane Sonko, il a déclaré que le chef du gouvernement faisait "un travail formidable.

"Si aujourd'hui je suis en mesure de suivre mon agenda, c'est parce que j'ai un bon Premier ministre, qui est Ousmane Sonko. Je suis très serein parce que j'ai le meilleur Premier ministre de l'histoire politique du Sénégal", a dit le président Faye.

Le chef de l'Etat a également souligné qu'il tenait toujours à sa promesse de rationalisation du train de vie de l'Etat et à la politique de reddition des comptes pour plus de transparence dans la gestion publique.

Interrogé sur sa promesse de supprimer certaines institutions comme le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE), Bassirou Diomaye Faye a déclaré qu'il n'avait pas changé d'avis sur ces questions, rappelant que ces institutions sont prévues dans l'ordonnancement institutionnel.

Pour les supprimer, il va falloir procéder à une révision de la Constitution, a-t-il dit.

Concernant la reddition des comptes, le chef de l'Etat a rappelé son attachement à la transparence dans la gestion des affaires publiques. "Les corps de contrôle font leur travail", a-t-il dit, assurant qu'il ne mettra son coude sur aucun rapport produit par ces corps de contrôle.

Toutefois, Bassirou Diomaye Faye a précisé qu'il n'était pas dans une logique de "vengeance".

Le chef de l'Etat a réaffirmé la volonté du gouvernement de renégocier les contrats mal négociés selon lui par l'ancien régime.

"Ma conviction est qu'on aurait pu mieux négocier ces contrats. Notre stratégie est de voir les pistes de renégociation. De ce fait, nous allons renégocier les contrats et essayer de voir comment investir sur d'autres secteurs pour leur développement et éviter la malédiction du Pétrole", a dit le président de la République, assurant qu'il "y aura une renégociation" et que "ce sera bénéfique pour le Sénégal".

Dans le domaine de la sécurité, le chef de l'Etat, élu sur la base d'un programme souveraineté, a fait part de son intention de discuter avec "sérénité" de la présence militaire française au Sénégal, écartant toute "rupture brutale" avec l'ancienne puissance coloniale.

"Je ne peux pas vous dire quand ça aura lieu parce que même les modifications qui doivent intervenir entre pays doivent être discutées en toute sérénité et en toute amitié. Je ne pense pas qu'on ait besoin aujourd'hui, quel que soit le partenaire, d'aller vers des ruptures brutales", a-t-il répondu sur une question relative à la fermeture des bases françaises.

Il a annoncé que le gouvernement travaille avec les acteurs concernés sur une loi sur la défense et la sécurité nationales. Le Sénégal doit avoir sa propre doctrine militaire, a dit Bassirou Diomaye Faye, faisant part de son ambition de faire du Sénégal un "pays stable", "un partenaire plus sûr et plus fiable".

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