Ile Maurice: Prakash Maunthrooa élude les questions des journalistes

Si le directeur général de la Central Water Authority (CWA) Prakash Maunthrooa a hier lors d'une conférence de presse réuni tous ses cadres autour de lui pour affronter les journalistes, il a dû se sentir bien seul lors de la séance des questions réponses. Son discours d'hier était presque semblable à celui d'il y a un mois: il a vanté le remplacement de 291 km de conduits par les employés de la CWA et qui a coûté Rs 700 m à travers l'InHouse Pipe Replacement Program.

A la question de savoir si en fait il n'a pas eu recours à du hired labour, de la main-d'oeuvre externe, Prakash Maunthrooa n'a pas nié et lorsqu'on lui a demandé le montant payé pour ces travailleurs externes, il a répondu par une question «Y a-t-il un problème à cela ?» Pour ensuite dire qu'il n'a pas le chiffre sous la main.

Et lorsque le journaliste lui a demandé s'il pouvait aller chercher ces chiffres car la conférence de presse se tenait dans les locaux même de la CWA et que tous les cadres étaient présents, Maunthrooa a promis de nous les faire avoir bientôt. Tout en affirmant que le hired labour n'est pas illégal. Bref, l'In House Replacement Program n'en était pas un vraiment.

Le cas du morne

Prakash Maunthrooa avait expliqué que les tuyaux ont bien été enterrés à plus d'un mètre. Mais pourquoi les tuyaux installés au Morne sont-ils sur terre et sur le sable, avons-nous demandé. «Ils seront enterrés plus tard.» Concernant les habitants du village du Morne qui n'ont pas d'eau régulièrement et, lors des grosses pluies, l'eau est inutilisable car remplie de boue, le General Manager de la CWA explique qu'encore une fois, les travaux ne sont pas terminés et que le réseau existant contient 65 % de fuites.

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Le board de la CWA avait-il rejeté le projet de connecter trois hôtels du Morne au réseau car la quantité d'eau qui allait être livrée était trop volumineuse (2 500 m3/jour) et que cela allait impacter les villages aux alentours ? Réponse de Maunthrooa : «Le board n'a pas rejeté le projet et les autres informations sont totalement fausses», a-t-il martelé avec colère.

Tout en demandant :«N'est-ce pas la responsabilité de la CWA de fournir de l'eau pour la consommation domestique, industrielle et commerciale y compris les hôtels ?» Les hôtels ont-ils payé pour ces installations ? «Bien sûr que oui.» Et ont-ils payé au taux domestique ou au taux commercial ? Fuite en avant de Prakash Maunthrooa : «Laissez les autres journalistes poser des questions.»

Un autre journaliste veut obtenir ses commentaires concernant l'enquête qui a été mise sur pied après les allégations de l'ex-Internal Chief Auditor Yousra Lalmahomed. Maunthrooa se défend : «Les accusations ne sont pas paroles d'Evangile.» Quand une autre journa- liste lui demande s'il va «step down» le temps de l'enquête, il ironise «oui, oui, vous avez raison... Après tout ce travail que j'ai abattu, je dois partir.

Vous avez raison! Tous les gens compétents doivent partir.Top, top, top...» N'y aura-t-il pas de risque d'ingérence avec les preuves ? insiste la journaliste. Maunthrooa : «Ayo papa. Si n'importe qui fait des allégations... fermons l'institution (NdlR, la CWA) !» A une question d'un autre journaliste, Maunthrooa semble ne pas rejeter l'accusation faite par l'auditrice démissionnaire selon laquelle les Rs 700 m auraient servi en partie à financer d'autres projets. «Mais pourvu que le travail (NdlR, pose des tuyaux) ait été fait.»

Le chef ingénieur Chandrasen Matadeen étonnera tout le monde en affirmant que la CWA a procédé aux remplacements des tuyaux non en se basant sur une étude dont il venait pourtant de parler mais par le nombre de plaintes reçues et de réparations effectuées ou alors sur la demande future. Il avouera par la même occasion que les vieux tuyaux sont laissés sous terre.

Et Maunthrooa de voler au secours de Matadeen tout en appelant les ingénieurs à la rescousse, «vous faites comme si vous voulez remplacer tous ces ingénieurs ! Non, 'Serry' (sic). Quant à vos allégations selon lesquelles on change les tuyaux juste pour donner des contrats aux entre- preneurs, vous devrez assumer vos paroles.» Prakash Maunhrooa ne veut commenter le rapport de Yousra Lalmahomed. Il s'en tient à celui du ministère des Finances.

Ni le General Manager de la CWA ni Gaëtan Armoogum ne veut donner le chiffre des paie- ments à Great Standard Solutions Ltd et New Standard Solutions ni combien de compagnies appartenant à Ferosekhan Puttaroo ont obtenu des contrats de la CWA.

Comment se fait-il que Great Standard Solutions Ltd ait obtenu des contrats alors qu'elle est une compagnie créée le 6 février 2023? Gaëtan Armoogum de répondre: «Les procédures de procurement ont été suivies à la lettre.» Tout en reconnaissant que c'est lui-même qui avait présidé les comités de sélection.

Et pourquoi certains appels d'offres n'ont pas été lancés par e-procurement ? Armoogum: «Ce n'est pas obligatoire.» C'est l'heure des rafraî- chissements, coupe Prakash Maunthrooa. Il faut dire que les échanges lui ont donné soif.

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