Au Rwanda, la population vote ce lundi 15 juillet 2024 pour la présidentielle et les législatives. Le président Paul Kagame, au pouvoir dans le pays depuis 24 ans, brigue un quatrième mandat de cinq ans. Seuls deux autres candidats ont été autorisés à se présenter face à lui : le député du Parti Vert Démocratique, Frank Habineza, et l'indépendant Philippe Mpayimana.
Ce matin, pour la première fois, les Rwandais votent à la fois pour élire leur président, mais aussi leurs députés. Les échéances électorales ont été harmonisées en 2023, dans le but de faire des économies d'argent public. Pour la première fois aussi, le mandat présidentiel ne sera que de cinq ans, suite à une réforme adoptée en 2015, qui permet en outre au président Paul Kagame de se présenter pour un quatrième mandat.
Cela fait 24 ans que Paul Kagame est au pouvoir au Rwanda et il dirige le pays de fait depuis la fin du génocide des Tutsis en 1994. L'hégémonie du président et de son parti, le Front populaire rwandais (FPR) a pesé lors de la campagne. Le FPR est vraiment omniprésent, surtout en cette période de campagne. Les couleurs rouge, blanc et bleu du parti s'affichaient partout le long des routes, sur les voitures, sur les t-shirts. Une véritable célébration du parti et du président Kagame, considéré par beaucoup de Rwandais comme un véritable « héros », l'artisan tout-puissant de la paix et du développement dans le pays. Chacun de ses déplacements étaient donc extrêmement suivi avec des rassemblements politiques drainant des dizaines de milliers de supporters et animés par les artistes les plus populaires du Rwanda.
Même affiche qu'en 2017 pour la présidentielle
Cette débauche de moyens ne laisse évidemment pas beaucoup de place aux candidats de l'opposition qui ont eu du mal à donner du souffle à leur campagne. Lors d'un déplacement du chef du parti Vert, Frank Habineza, dans le nord du Rwanda, seule une centaine de curieux étaient venus l'écouter s'exprimer, debout sur une petite scène installée au bord de la route. Ce dernier, comme le candidat indépendant Philippe Mpayimana, ont néanmoins dit que leur campagne s'était déroulée sans entraves.
Ce sont les deux seuls candidats à avoir été autorisés à se présenter face à Paul Kagame. Une affiche similaire à celle de l'élection présidentielle de 2017, qui avait vu le chef de l'État l'emporter avec plus de 98% des suffrages. À l'époque, Philippe Mpayimana avait récolté à peine plus de 0,7% des voix et Frank Habineza n'avait même pas passé la barre des 0,5%. Ce dernier espère tout de même obtenir plus de sièges au sein du Parlement - où son parti a fait son entrée après les législatives de 2018.
Des opposants beaucoup plus critiques ont eux été écartés de la course à la présidentielle ces derniers mois. C'est le cas notamment de Diane Rwigara qui avait déjà été empêchée de se présenter lors de la présidentielle de 2017, pour contrefaçon de document en 2017. La commission électorale a de nouveau rejeté sa candidature, arguant qu'elle n'avait pas présenté d'extrait de casier judiciaire, ni de document prouvant sa nationalité rwandaise.
Quant à l'opposante Victoire Ingabire, condamnée en 2013 pour « conspiration par le terrorisme » et « minimisation du génocide de 1994 », la justice a rejeté sa demande de réhabilitation de ses droits civiques, ce qui lui aurait permis de se présenter face à Paul Kagame.
Les deux femmes n'attendent pas grand-chose d'une élection qu'elles estiment « jouée » d'avance, alors que le chef de l'État rwandais n'a jamais obtenu moins de 93% des suffrages lors d'un scrutin présidentiel.