Madagascar: Gouvernement - Climat d'attentisme dans les ministères

Depuis la proclamation des résultats des élections législatives, les tractations et les calculs de « portefeuilles » vont bon train.

Le président Andry Rajoelina prendra du temps avant de procéder à un remaniement gouvernemental. Durant l'annonce de la reconduction de Christian Ntsay à la Primature, le Chef de l'Etat a annoncé sa décision de maintenir en place les actuels ministres pour assurer l'expédition des affaires courantes. « Je vais encore procéder à l'évaluation des actuels membres du gouvernement », a-t-il laissé entendre.

A cette allure, la formation de la nouvelle équipe gouvernementale ne viendra pas dans les jours, voire les semaines à venir. En tout cas, en prenant cette décision, le locataire d'Iavoloha a pris de court tout le monde, y compris les politiciens qui ont déjà commencé les tractations et lobbying, et qui se sont préparés à un partage de « portefeuilles ».

En effet, après les élections législatives et la présentation du Premier ministre, les observateurs s'attendaient à un changement de gouvernement. Dans les pays dits démocratiques, chaque scrutin amène toujours un vent de changement au niveau des institutions étatiques. D'autant plus qu'après la dernière élection présidentielle qui s'est soldée par la victoire du TGV au premier tour, l'on s'attendait déjà à un remaniement gouvernemental mais Andry Rajoelina a choisi la voie de la continuité.

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Le Chef de l'Etat a donc passé outre cette pratique démocratique. Il convient toutefois de souligner que le choix des membres du gouvernement et la formation de l'équipe gouvernementale relève du pouvoir régalien du président de la République. Nul ne peut le contraindre dans ses choix.

Dans l'expectative

Cette situation provoque cependant un climat d'attentisme dans les Ministères. Sans véritable patron, l'Administration devient peu efficace et ne fonctionne pas normalement. Le service minimum devient le principe et le laxisme est considéré comme la règle car à partir du moment où le ministre ne peut assurer que l'expédition des affaires courantes, son autorité au sein de son propre département risque de diminuer. La cacophonie peut engendrer un manque d'enthousiasme de la part de certains agents de l'Etat qui s'attendent à accueillir un nouveau patron. De leur côté, les ministres sortants se trouvent dans l'expectative car pour l'heure, personne n'est assuré d'être reconduit. Cette situation délétère ne peut perdurer car elle risque même de favoriser la corruption et les mauvaises pratiques.

Postes vacants

Pour l'heure, 6 postes ministériels sont vacants. Il s'agit des départements occupés par les anciens ministres qui se sont portés candidats aux élections législatives, à savoir, Justin Tokely élu président de l'Assemblée nationale, Marie Michelle Sahondrarimalala élue députée de Fianarantsoa I, Augustin Andriamananoro élu Vice-président pour le compte de l'ex-Province d'Antananarivo, Haingo Elisette Fomendraza élue députée d'Ambositra, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique Andriamanantena Razafiharison élu à Ampanihy, le ministre de la Jeunesse et des Sports Haja Resampa élu à Morondava, et la ministre de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle Lalatiana Rakotondrazafy qui, elle, n'a pas été élue.

La plupart d'entre eux ont peu de chance de revenir au sein du gouvernement, à l'exception de Marie Michelle Sahondrarimalala qui semble inamovible au département de l'Education nationale. En attendant la finalisation de son évaluation, le Chef de l'Etat devrait tout au moins nommer des ministres à ces postes vacants pour que l'intérim ne dure pas trop longtemps.

Nouveau souffle

Dans les coulisses, les discussions vont bon train. En effet, cette situation d'incertitude et de flottement alimente les marchandages, surtout dans les rangs de l'IRMAR et des pro-Rajoelina où tout le monde s'estime être en droit de mettre la pression pour réclamer un siège. Mais le président Andry Rajoelina ne doit céder à aucune pression et/ou intervention.

Les observateurs se demandent s'il va opter pour le changement ou bien s'il entend refaire confiance à l'équipe actuelle. Face aux nombreux défis de son second mandat et pour apporter des solutions concrètes aux difficultés subies au quotidien par la majorité des Malgaches, en l'occurrence le délestage et les coupures d'eau, la pauvreté, l'inflation... bon nombre d'observateurs estiment qu'un nouveau souffle est nécessaire pour que le TGV puisse enclencher la vitesse supérieure.

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