En Centrafrique, les habitants de Boali, à 95 kilomètres au nord de Bangui, sont inquiets face au tarissement sans précédent du lac de Mbali. Ce dessèchement, provoqué par les effets du changement climatique, risque d'avoir de lourds impacts sur la production d'électricité dans cette ville et même dans la capitale. La direction générale d'Énergie centrafricaine (Enerca), l'unique société qui fournit de l'électricité dans le pays, signale la réduction de capacité de ses centrales installées sur ce lac.
En plein milieu du lac de Mbali, on croise l'équipe de Pierre qui pêche avec une pirogue.
Âgé de 54 ans, il pratique ce métier depuis trente ans. « Auparavant, le niveau du lac n'était pas comme ça, assure-t-il. Bien que nous sommes en saison des pluies, il a sérieusement baissé. S'il n'y a aucun changement, la production de l'électricité va en prendre un coup ».
Depuis sa création en 1967, l'Enerca alimente les villes de Boali, Bangui et les villages environnants, avec trois centrales hydroélectriques installées sur ce lac.
Le tarissement des eaux inquiète Béranger, un opérateur économique : « L'électricité est importante pour mon atelier de soudure. Non seulement ça, mais les institutions : les hôpitaux et presque toutes les affaires en dépendent. Pour l'instant, on n'a pas d'autre source d'énergie que ça. »
Sept mois après son passage de l'analogique au numérique, l'Enerca fait désormais face aux conséquences du changement climatique. Thierry Patient Bendima, son directeur général, explique : « Dans le cadre des changements climatiques, nous avons constaté que le niveau du lac a drastiquement baissé, cette année. Cela est dû aussi au retard dans la pluviométrie. Cela va avoir une incidence sur la production hydroélectrique. On est obligé d'ouvrir une vanne pour lâcher l'eau, ce qui perturberait la fourniture d'électricité à Bangui. »
Pour contourner ce phénomène, il est important de mettre à contribution des centrales solaires selon certains responsables de l'Enerca.