Le Cameroun est confronté à une situation alarmante en matière de gouvernance des entreprises et établissements publics. 54 PCA (Présidents du Conseil d'Administration) occupent illégalement leurs fonctions, en violation des lois 010 et 011 du 12 juillet 2017. Cette situation, révélée par une analyse documentaire de Viviane Madeleine Ondoa Biwole, met en lumière un grave dysfonctionnement des institutions et un mépris flagrant de l'Etat de droit.
Un taux de non-conformité inquiétant
Sur les 88 entreprises et établissements publics concernés, 54, soit un taux de 64,77%, sont dirigés par des PCA illégaux. Ces derniers occupent leurs postes depuis des durées allant de 6 à 32 ans, avec Ayang Luc, PCA de l'Office national du cacao et café, détenant le triste record d'ancienneté.
Un manque de renouvellement et des décès non remplacés
Pratiquement tous les PCA, dont les mandats ont expiré depuis 2023, n'ont pas été remplacés. Seul le PCA du Parc national de génie civil a été nommé le 26 décembre 2023. Ce taux de maintien de 97,87% est d'autant plus préoccupant que deux PCA sont décédés au Fonds national de l'emploi (Fne) et à l'Agence de régulation du secteur de l'électricité (Arsel) sans avoir été remplacés.
Des profils haut de gamme et des affiliations politiques
L'analyse révèle que les PCA illégaux sont des personnalités de haut rang au sein de l'administration publique camerounaise, astreints à l'exemplarité. Ils sont tous membres du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais), le parti au pouvoir. Parmi eux figurent 21 ministres ou assimilés, 5 gouverneurs de régions, 3 directeurs généraux, 5 chargés de mission à la présidence de la République, 2 conseillers du Secrétaire général du RDPC, un homme d'affaires, un maire, un professeur émérite, un secrétaire général de ministère, une avocate, un secrétaire permanent, un coordonnateur national, un ancien ministre et un ancien Dg.
Concentration des pouvoirs et préjudices à l'Etat
La concentration des pouvoirs entre les mains de quelques individus, dont la plupart sont ministres et offrent leurs services à la présidence de la République, est particulièrement inquiétante. Ce constat de non-conformité élevé (62,06%) met en mal l'Etat de droit et la nécessité d'une République exemplaire. Quatre préjudices majeurs en découlent :
1. L'affaiblissement de l'Etat de droit et de la République exemplaire
2. La dégradation de la valeur dans les entreprises
3. La déstructuration des hypothèses de changement
4. La responsabilité civile et pénale des PCA
Appel à l'action pour une gouvernance exemplaire
En conclusion de son analyse, Viviane Madeleine Ondoa Biwole appelle le président de la République, Paul Biya, à nommer avant le 12 juillet 2024 les 54 PCA dont les mandats ont expiré. Cette mesure, loin d'être un règlement de comptes, permettrait de rétablir l'Etat de droit et de garantir une gouvernance exemplaire des entreprises et établissements publics du Cameroun.
Le respect des lois et l'exemplarité des dirigeants sont des conditions essentielles pour une gestion saine et transparente des ressources publiques. Le Cameroun doit impérativement s'engager sur cette voie pour garantir son développement durable et le bien-être de ses citoyens.