Du temps de la colonisation, les élites étaient les intermédiaires entre le colonisateur et l'indigène. Une position qui leur semblait favorable puisqu'ils gagnaient la confiance des deux parties.
Tantôt basculant vers le camp du premier, tantôt adeptes de la revendication du petit peuple, ces grands personnages ont su faire le grand écart. Tout est question d'intérêt !
À la deuxième moitié des années 20, les intellectuels se sont scindés en deux grandes parties, ceux des Hautes Terres Centrales, formés par les missionnaires britanniques - vieillissants mais toujours actifs en attendant leurs relèves - et les érudits « côtiers » dont la plupart sont modelés par les Français. Ces derniers se divisent également en deux.
Ce fut le cas dans la région septentrionale de la Grande Île : les descendants d'ampanjaka et roitelets des localités qui déclarent leur fidélité à la France, et les enfants des bourgeois et commerçants, qui s'alignent derrière les nationalistes. Cependant, ces grands hommes, quoiqu'ils affirment avec leur posture, avaient un point commun : être à la tête de l'Administration après le départ des Vazaha. Par contre, leur précipitation était tellement vive qu'il n'ont pas eu le temps de réfléchir sur le genre de structure qui serait favorable pour Madagascar après l'Indépendance.
Le but était de la saisir, de gré ou de force, pour pouvoir gérer le sort du pays. Donc, pendant 64 ans de colonisation, ces élites malgaches ne se sont pas concertées, sauf lors du congrès de Tamatave du 2 au 4 mai 1958, ne réunissant que 10 partis politiques, qui esquissait hâtivement en deux jours le destin de Madagascar. Suite logique, les idées se sont carambolées...
Bref, cette mentalité demeure toujours, en l'occurrence, chez les intellectuels malgaches.