Les populations de Beni peuvent, depuis vendredi 12 juillet, bénéficier à nouveau des émissions de la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC) via la sous-station locale qui a repris ses activités après cinq ans de silence. En effet, elle avait dû interrompre ses programmes en septembre 2019 pour diverses raisons logistiques.
Grâce aux quatre conteneurs aménagés et aux équipements comprenant des studios et émetteurs radio et télévision, une salle de rédaction et une réception, elle couvre dorénavant une bonne partie de la région Grand Nord-Kivu qui s'étend à Beni, Butembo, Kasindi, Oicha, mais aussi une partie de l'Ituri voisin. Un projet de près de 50 000 dollars américains financé par la MONUSCO pour favoriser le pluralisme de l'information et lutter contre la désinformation et les discours de haine.
La fin de cinq ans de d'attente
Modeste Syayighosola a rejoint l'équipe de la radio-télévision nationale congolaise de Beni en 2014. Passionné de radio, il s'est accommodé des conditions minimales pour exercer son métier jusqu'à la fermeture, il y a cinq ans. De retour à l'antenne grâce à la réhabilitation, il n'a pas manqué d'exprimer sa joie et sa satisfaction. « Nous n'avions qu'un seul local où il fallait tout faire. C'était difficile. Aujourd'hui, nous avons de meilleures conditions de travail et c'est pour le bonheur de nos auditeurs. C'est vrai que nous en avons perdu beaucoup qui nous faisaient confiance au quotidien. Nous avons maintenant les moyens de les reconquérir », confie-t-il.
Le directeur provincial de la RTNC au Nord-Kivu, Tuver Wundi, témoigne d'un « grand vide » pendant ces cinq années où toute la région de Beni était sevrée des programmes du media public. Quand on sait que dans la province la moindre rumeur ou désinformation peut avoir de graves conséquences, l'absence d'un média public était « une arme de moins dans la lutte pour donner la bonne information », avoue pour sa part Pepin Kavota, président de la société civile de la ville de Beni.
Informer en temps réel pour éviter la désinformation
En effet, en finançant cette réhabilitation, la MONUSCO favorise non seulement la reprise de l'antenne mais aussi la diffusion d'informations crédibles pour lutter efficacement contre la désinformation. Ce qui, selon le chef de bureau de la Mission des Nations Unies à Beni, cadre bien avec la vision de celle-ci en matière de communication. Josiah Obat a insisté sur l'importance d'une information plurielle dans les zones de conflit car, a-t-il rappelé, « la radio peut être utilisée pour promouvoir la paix »
Engagement pris par le directeur provincial de la RTNC qui souligne que dans un environnement où le faux tend à se substituer au vrai, il est capital que les médias jouent pleinement leur rôle car « lorsqu'une population a la bonne information, elle est difficilement manipulable ». Message entendu par la vingtaine de journalistes et techniciens de la station, déjà à l'oeuvre, pour assurer les temps d'antenne locale et coordonner le relais des programmes de la station nationale pour permettre aux habitants de Beni de s'informer en temps réel.