Ethiopie: Guerre civile au Tigré - Des crimes par lapidation auraient été commis par des soldats éthiopiens

C'est un crime qui n'avait jamais été révélé au public. Durant la guerre civile au Tigré, des soldats éthiopiens se seraient rendus coupables d'actes de lapidation.

Le conflit a opposé, pendant deux ans, le Tigré, région du nord de l'Éthiopie au pouvoir fédéral, jusqu'à l'accord de paix de novembre 2022 à Pretoria. Une guerre sanglante qui aurait fait plus de 600 000 morts, selon l'Union africaine (UA). Des experts soupçonnent aussi un génocide. Or aujourd'hui encore, on ne connaît pas toutes les atrocités commises. Dans un reportage exclusif, RFI, a pu documenter la mort par lapidation de dix civils dans le village de Mayhaydi, début 2021.

C'est comme ça qu'ils faisaient... Ils soulevaient les pierres et fracassaient leurs têtes avec.

Dans un mouvement macabre, Meles Gebregorgis refait le geste meurtrier des soldats éthiopiens, sortis de la base militaire, située en face, pour lapider onze villageois.

Caché près d'un arbre, l'homme a tout vu de la scène : « Les civils portaient une femme enceinte sur le point d'accoucher. Une ambulance l'a emportée, mais une cinquantaine de soldats ont ensuite débarqué et ont encerclé les villageois. Les militaires les ont accusés d'être des rebelles. Les civils ont tenté de discuter. Un prêtre a même brandi sa croix. Mais les soldats ont jeté des pierres sur eux. Ils se sont même acharnés sur les cadavres, comme les tuer une seconde fois. Ça m'a choqué. Je n'ai jamais vu un crime pareil. J'en fait encore des cauchemars. J'ai tellement peur de tomber sur des soldats que je n'ose même plus voyager. »

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« Plus on enquête, plus nous rencontrons des cas de plus en plus choquants »

La commission d'enquête sur le génocide est venue sur place. Elle a interrogé les familles, les riverains et un survivant a été retrouvé.

« Ces soldats ont dit qu'ils ne voulaient pas gâcher leurs balles. Sous-entendu, la vie de ces civils valait moins que ça. Ça montre leur haine profonde. Culturellement, la lapidation, c'est du jamais vu. Mais pendant la guerre, on a vu apparaître de nouvelles pratiques. Plus on enquête, plus nous rencontrons des cas de plus en plus choquants », précise Gebremeskel Hailu, un des enquêteurs.

Les enquêteurs ont retrouvé des traces de sang et les tombes. Mais la commission manque de moyens, notamment techniques. Elle demande le soutien de la communauté internationale.

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