Sénégal: Secteur des hydrocarbures - L'approvisionnement local, un créneau à explorer, selon un universitaire

Saint-Louis — Les entreprises opérant dans les hydrocarbures au Sénégal doivent être amenées à s'approvisionner davantage en biens et services au niveau local pour que le pays puisse mieux profiter des opportunités de secteur, a soutenu l'enseignant-chercheur Papa Fara Diallo, président de l'antenne sénégalaise de l'organisation "Publiez ce que vous payez".

"L'approvisionnement local avec l'achat de biens et services par les entreprises étrangères évoluant dans le domaine des hydrocarbures a représenté 2034 milliards dans le rapport 2022 de l'ITIE, et sur cette somme, les entreprises sénégalaises n'ont engrangé que 278 milliards" de francs CFA, a souligné M. Diallo, membre de l'ITIE, l'initiative pour la transparence des industries extractives.

"Cette somme est dérisoire et le Sénégal peut espérer engranger plus en investissant dans ce créneau", a relevé l'enseignant-chercheur à l'université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, lors d'une conférence publique sur les ressources naturelles, organisée ce week-end à Saint-Louis par l'Association des juristes africains (AJA).

Selon lui, "ce créneau est le seul actuellement crédible pour espérer maximiser les chances de l'économie locale de se renforcer, car pour les autres susceptibles de leur profiter, les dés sont presque pipés".

Dans le domaine de l'emploi, subsiste "une sorte d'économie d'enclave qui n'utilise pas beaucoup de main d'oeuvre", dit-il, en donnant l'exemple du secteur des hydrocarbures, mines et énergie qui n'employaient, en 2021, que 10.000 personnes.

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Ce nombre a diminué en tombant à 8000 personnes en 2022, a signalé Papa Fara Diallo sur la base des rapports de l'ITIE des années citées en référence.

Il soutient que dans le domaine du transfert d'énergie également, "le Sénégal ne peut plus espérer beaucoup de choses comme l'ont réussi les Chinois en se dotant de clauses dans ce domaine et en veillant à leur application en signant avec les Français pour la construction du Train à Grande Vitesse".

Selon Papa Fara Diallo, l'ancien code minier sous le régime duquel les contrats en cours ont été signés ne prend pas en charge ce volet, même si le nouveau de 2022 a rectifié le tir.

"Il y a que les contrats en cours ont été signés sous le régime de l'ancien code", a-t-il relevé, évoquant la clause de stabilité qui protège les partenaires.

Dans le domaine de la formation, le Sénégal a créé l'Institut national du pétrole et du gaz (INPG) mais les premières promotions, pour l'essentiel, sont embauchées par des entreprises étrangères, a indiqué l'universitaire sénégalais. Seuls trois sortants de l'INPG ont été recrutés par des ministères sectoriels, selon Papa Fara Diallo.

Il s'y ajoute que la participation des entreprises sénégalaises au capital des entreprises étrangères "est extrêmement faible, et seule Petrosen s'en sort difficilement".

Pour augmenter ses parts à 18% dans le capital de sa joint-venture avec Woodside, Petrosen s'est endettée à hauteur de 800 milliards auprès de Kosmos et BP", a révélé l'enseignant-chercheur.

Il considère qu'il n'y a pas d'autres entreprises sénégalaises capables de se doter de "parts substantiels" dans le capital de ces entreprises étrangères évoluant dans le secteur des hydrocarbures.

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