Ile Maurice: Les touristes à la recherche de destinations durables

Le tourisme joue un rôle crucial dans le changement climatique, contribuant à environ 8 % des émissions mondiales de carbone. En 2019, selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), les voyages et le tourisme représentaient 8,1 % des émissions mondiales.

Les émissions de carbone liées au tourisme ont augmenté d'au moins 60 % entre 2005 et 2016, avec des projections indiquant une augmentation supplémentaire de 25 % d'ici 2030 si des mesures de décarbonisation ne sont pas mises en oeuvre, selon l'OMT et l'International Transport Forum en 2019. Face à cette situation, on note un changement dans la manière dont les touristes choisissent leurs destinations de vacances, celles qui sont durables étant de plus en plus prisées, en particulier celles qui sont proches de la résidence du touriste.

Une recherche menée par la School of Hotel and Tourism Management de la Hong Kong Polytechnic University, présentée mardi matin à l'hôtel Ravenala à Balaclava lors de la 11th Advances in Hospitality and Tourism Marketing and Management Conference organisée par l'International Center for Sustainable Tourism and Hospitality, en collaboration avec le département de droit et de management de l'université de Maurice, révèle que les touristes sont de plus en plus conscients de la durabilité des destinations où ils choisissent de voyager.

«À l'échelle mondiale, de plus en plus de touristes se soucient de la durabilité. Ils choisissent de voyager vers des destinations plus proches, préfèrent acheter des produits locaux, et sont disposés à soutenir l'économie locale en achetant des produits et services locaux», a affirmé Pr Haiyan Song de la Hong Kong Polytechnic University. Il est convaincu que si Maurice est perçue comme une destination durable qui offre de nombreux produits et services locaux, les touristes y afflueront.

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«Les gens choisissent à la fois des destinations nationales et internationales lorsqu'elles sont perçues comme durables. Ils seront prêts à dépenser de l'argent pour voyager à Maurice, mais il est essentiel que l'île soit considérée comme une destination durable», a-t-il souligné.

Malgré cette étude orientée vers le marché chinois, le Pr Haiyan Song a soutenu que les résultats sont applicables à différentes destinations, car les comportements de voyage à faible empreinte carbone sont de plus en plus recherchés de nos jours en raison du réchauffement climatique et de la pandémie, faisant de l'impact des activités humaines sur le changement climatique une question cruciale qui préoccupe tout le monde. Cette étude particulière a montré comment les Chinois choisissent leurs destinations et leurs produits en fonction des offres de réduction des émissions de carbone.

«Si une destination met en place des politiques favorisant les voyages à faible empreinte carbone, les touristes sont plus enclins à visiter ces endroits et à acheter les produits à faible empreinte carbone proposés par ces destinations. Il s'agit d'une recherche très importante sur la manière dont les touristes perçoivent leur contribution à la réduction du réchauffement climatique mondial», a souligné le chercheur.

La recherche a également démontré que les touristes utilisent de plus en plus la technologie dans leur processus de décision et effectuent des achats en ligne en fonction des informations fournies par la destination. «Vous devez fournir des informations complètes sur les produits locaux, les attractions locales, les traditions et le patrimoine culturel. Ils s'intéressent à ces aspects plutôt qu'au tourisme de masse où il y a beaucoup de monde. Cette époque est plus ou moins révolue. Chaque destination cherche à s'éloigner du tourisme de masse», a-t-il expliqué. Il estime que des politiques de développement durable efficaces peuvent restreindre certaines activités, tout en attirant davantage de touristes prêts à dépenser davantage.

Les résultats de cette recherche montrent que les touristes sont prêts à payer relativement plus pour des destinations proches de chez eux. Ils évitent les destinations avec des niveaux élevés d'émissions de carbone, et préfèrent celles qui soutiennent et promeuvent des projets de compensation de carbone. Les touristes ayant une perception plus élevée du changement climatique sont plus enclins à voyager vers des destinations à faibles émissions de carbone qui soutiennent des projets de compensation.

Pour s'adapter à ce changement dans les choix de destination des touristes, l'étude préconise que les entreprises touristiques redoublent d'efforts pour réduire leurs émissions de carbone, tandis que les gouvernements locaux devraient soutenir et investir dans des projets de neutralité carbone. «Les réseaux sociaux pourraient devenir un outil puissant pour les décideurs politiques afin de promouvoir des choix de voyage à faible émission de carbone. En diffusant des informations sur le changement climatique, ils pourraient inciter les touristes à opter pour des voyages plus respectueux de l'environnement», indique le rapport.

Le document souligne également que la diffusion des connaissances sur les impacts, les causes et les actions potentielles liées au changement climatique pourrait jouer un rôle essentiel dans la promotion de comportements et de modes de consommation bénéfiques pour l'environnement parmi les touristes.

Robin Nunkoo : «Nous devons nous adapter à l'intelligence artificielle»

Le co-président de la conférence, Robin Nunkoo, professeur à l'université de Maurice, a indiqué que le secteur du tourisme à Maurice doit s'adapter à l'intelligence artificielle et au métavers, deux technologies qui bouleversent les pratiques contemporaines. «Elles nous obligent à repenser comment nous engageons nos affaires, adaptons nos politiques et stratégies, et comment le secteur de l'hospitalité doit réagir à ces changements pour ne pas devenir obsolète», a-t-il expliqué. Malgré un document de politique sur l'intelligence artificielle, il estime qu'il faut encore beaucoup de recherches pour intégrer efficacement ces technologies dans les pratiques et les services du secteur du tourisme.

Par ailleurs, des recherches menées par l'université de Maurice ont révélé que la culture peut influencer l'impact de l'intelligence artificielle (IA). «Comment un pays s'adapte à l'IA dépend largement de sa culture», a-t-il précisé, ajoutant que «nous devons comprendre l'impact de l'IA sur divers aspects et le voir comme une intégration totale».

La 11th Advances in Hospitality and Tourism Marketing and Management est un forum unique réunissant des participants du monde universitaire, de l'industrie, du gouvernement et d'autres organisations pour échanger activement, partager et challenger les recherches de pointe et les études de cas industriels sur le marketing et la gestion de l'hospitalité et du tourisme. L'objectif de la conférence a été d'examiner minutieusement les questions contemporaines liées à l'hospitalité et au tourisme, de stimuler le dialogue et de développer de nouvelles perspectives dans ce domaine au sein de l'environnement globalisé.

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