Soudan: Les exactions du FSR ciblent les agriculteurs et accentuent les risques de famine

Des dizaines de milliers de réfugiés soudanais vivent dans des abris de fortune dans des camps de réinstallation spontanés près de la ville frontalière d'Adré, au Tchad, avec un accès limité aux services de base.

La guerre dévastatrice au Soudan a entamé son seizième mois, ce 15 juillet. Elle a causé, selon le Haut Comité des Réfugiés le déplacement de 10 millions de soudanais dont 8 millions à l'intérieur du pays. Parmi ces déplacés: des milliers d'agriculteurs qui ont été chassés de leurs terres, ce qui a pour conséquences de mettre en péril la récolte de deux précédentes saisons et aggrave la crainte de la famine qui menace ce pays de l'Afrique de l'Est.

Dix huit millions de personnes souffrent de faim aiguë et 5 millions de personnes vivent dans une situation d'urgence liée à la faim, selon l'Organisation mondiale de la Santé au Soudan. Après les hôpitaux et le secteur médical, les agriculteurs sont les nouvelles victimes des exactions des forces de soutien rapide (FSR). Ces exactions se concentrent dans les deux États agricoles d'al-Jazirah et de Sennar, récemment attaqués par les FSR.

Ce sont les comités de résistance à Wad Madani, capitale de l'État d'al-Jazirah, qui donnent l'alerte. Il s'agit de jeunes des comités de quartier nés en 2019, lors du soulèvement contre le régime d'Omar al-Bachir. Dans un communiqué, dimanche, ils dénoncent les exactions des FSR commises envers les agriculteurs d'al Jazeera, un État au centre du Soudan, riche en terrains agricoles, tombé aux mains des FSR en décembre dernier.

Une traque des agriculteurs au bord de la famine

Selon le communiqué, les Forces de soutien rapide (FSR) ont saccagé et pillé volontairement et d'une manière systématique, les infrastructures, et le matériel des agriculteurs. Des milliers de tracteurs et de véhicules utilitaires, ainsi que les récoltes, les semences, et les pesticides ont été saisis. Le but des FSR, selon le communiqué, est de faire fuir les agriculteurs pour opérer « un changement démographique dans cet état ».

Ces exactions et la destruction des irrigations condamnent les agriculteurs à arrêter leurs activités, affirment les comités de résistance et à stopper l'irrigation d'une coopérative de 2,2 millions d'hectares, la plus grande en Afrique et qui fonctionne depuis 100 ans.

Ciblage et destruction des infrastructures agricoles et industrielles

Autre projet, Al Rahd - qui irrigue de grands espaces agricoles -- a également été saccagé alors qu'il fonctionne depuis 1977. À Al Jonaid, c'est la raffinerie de l'usine de sucre, la première au Soudan, inaugurée en 1962, qui a été saccagée et détruite. Dans l'État voisin de Sennar, au sud-est du Soudan, où 80 % des villages sont aux mains des FSR, le même scénario s'est reproduit d'après la salle d'intervention d'urgence de Dinder (ERR), une initiative des jeunes visant à aider les civils.

Menacés de mort et après avoir été frappés ou torturés, en toute impunité par les FSR, les agriculteurs de cette localité et des villages environnants, à la frontière avec l'Ethiopie, fuient leurs terres, risquant de perdre les prochaines récoltes alors que le Soudan est au bord de la famine

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