Au Mali, une vidéo circule depuis hier (mardi) sur les réseaux sociaux. On y voit un homme en uniforme militaire malien éventrer un cadavre pour manger son foie. Les images sont particulièrement choquantes et interrogent sur cette pratique du cannibalisme au sein des forces maliennes.
Dans cette vidéo franchement insoutenable, on voit un homme en uniforme militaire malien, insigne des Fama (Forces armées maliennes) bien visible, éventrer avec une machette un cadavre et annoncer en bambara qu'il va manger son foie. Les autres hommes en treillis qui l'entourent, (et qui composent apparemment son unité), répondent en riant vouloir partager son petit-déjeuner. L'un d'eux réclame même le coeur de la victime.
Corps éventrés à Mourdiah
Il n'y a aucune certitude sur le lieu ni sur la date de l'enregistrement : le paysage évoque le centre du Mali pendant la saison des pluies. Selon des sources sécuritaires, communautaires et des organisations de défense des droits humains jointes par RFI, cette vidéo pourrait avoir été tournée à Sokolo, dans le cercle de Niono, il y a deux ans, en juin 2022, ou à Mourdiah, près de la frontière mauritanienne, en mai dernier.
À cette période, les FAMA avaient repoussé une attaque du JNIM (Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans, lié à Al-Qaeda) et exhibé des corps éventrés et émasculés de jihadistes tués au combat. D'autres sources évoquent enfin le secteur de Léré, au cours des dernières semaines.
Sollicitée par RFI pour des précisions sur cette vidéo, l'armée n'a pas répondu. De telles images d'actes cannibales sont inédites concernant l'armée malienne.
Antécédents avec les chasseurs dozos
En 2019, une vidéo montrant des chasseurs traditionnels dozos découpant le foie d'un cadavre pour l'offrir à leur chef avait déjà choqué les Maliens. Les dozos, qui se parent d'amulettes et revendiquent des pouvoirs magiques, servent régulièrement de supplétifs à l'armée régulière dans les opérations menées dans le centre du pays.
Cas similaires
Une source sécuritaire malienne assure ne pas être surprise par ces images : « plusieurs cas similaires ont été signalés récemment à la hiérarchie », explique cette source, qui met ces atrocités sur le compte de la dureté du terrain et de ses conséquences sur le psychisme des soldats.