Cela n'aura pas suffi. Pour faire baisser la tension sociopolitique dans le pays, le président kenyan William Ruto avait congédié il ya une semaine quasiment toute l'équipe gouvernementale, à l'exception du vice-président, qui fait office de Premier ministre, et de ministre des Affaires étrangères.
Le procureur général de la République était également passé à la trappe. Ceux qui ont été congédiés étaient censés être les fusibles qu'on saute pour protéger le fauteuil présidentiel, mais manifestement il en faut beaucoup plus.
Mardi et mercredi, de nouvelles échauffourées ont fait au moins un mort dans la capitale Nairobi. Depuis le début des manifestations le 18 juin dernier, on estime qu'une cinquantaine de personnes sont restées sur le macadam sans compter les centaines d'arrestations.
Après avoir obtenu le retrait du projet de budget qui prévoyait de nouvelles taxes, c'est la tête même du président que les croquants réclament désormais. Et à l'allure où les choses évoluent, bien malin qui pourra dire par où tout cela va déboucher.
Il est vrai que le président Ruto a été élu démocratiquement en septembre 2022 pour un mandat de 5 ans, mais si la fièvre sociale devait persister, il va bien falloir trouver une solution.
Pour ne rien arranger aux choses, lundi, des corps démembrés de neuf femmes ont été découverts dans une décharge à la périphérie d'un important bidonville de Nairobi. L'auteur présumé des faits, Collins Jumaisi Khalusha, un homme de 33 ans qui a été arrêté par la police, a déclaré avoir tué 42 femmes depuis 2022 dont sa propre épouse. Les forces de l'ordre sont accusées de négligence par certains en raison de la proximité de la carrière avec les domiciles des personnes portées disparues.
C'est donc une affaire macabre qui vient se greffer au problème pendant, rendant l'atmosphère sociopolitique encore plus délétère. Vivement donc que William Ruto se secoue s'il ne veut pas que ces petites étincelles ne finissent par embraser le pays et partant son fauteuil présidentiel. Pour le moment, il semble s'être trouvé un bouc-émissaire en l'occurrence la Fondation Ford qu'il accuse de financer les manifestations anti-gouvernementales.