Madagascar: Etat - Société civile Nouveau bras de fer

Autoroute Tana - Tamatave. Un an et demi après le début des travaux, des associations et organisations membres de la Société civile contestent le projet.

Une partie des associations et organisations membres de la Société civile réclame la suspension des travaux de construction de l'autoroute reliant Antananarivo et Toamasina. Lors de leur déclaration du 10 juillet dernier, ces dernières haussent le ton pour dénoncer des impacts négatifs du projet sur l'environnement.

La déclaration en question survient un an et demi après le début des travaux alors qu'actuellement, une trentaine de kilomètres a déjà été réalisée et le changement commence à être palpable du côté de Talata Volonondry. Pour rappel, les travaux ont été lancés en décembre 2022.

Arrêt du projet.

Pourquoi ces associations de la Société civile ont attendu tout ce temps pour dénoncer un non-respect de l'environnement et réclamer carrément l'arrêt du projet ? C'est la question que se posent les observateurs. Maintenant que des dépenses colossales ont déjà été engagées, on voit mal le régime faire machine arrière. D'autant plus qu'outre les avantages économiques, cette autoroute engendre aussi des enjeux politiques.

C'est l'un des projets phares sur lesquels reposent la réussite des deux mandats du président Andry Rajoelina, tout comme les projets téléphérique, la RN44 Antananarivo - Ambatondrazaka, la RN5A Ambilobe - Vohémar, la nouvelle ville Tanamasoandro et MIAMI Toamasina.

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Point de non retour.

« Cette autoroute Tana - Toamasina est un projet qui me tient particulièrement à cœur », a fait savoir le Chef de l'Etat lors d'une visite des travaux qu'il a effectuée le 2 juillet dernier. Tout en exprimant sa détermination à aller jusqu'au bout de son initiative, Andry Rajoelina a déclaré que ce projet serait achevé coûte que coûte.

En effet, au vu de l'avancement des travaux actuels, on peut affirmer que l'Etat a déjà atteint le point de non-retour en ce qui concerne ce projet. On s'achemine donc vers un nouveau bras de fer entre le régime Rajoelina et une partie de la Société civile. Faut-il rappeler que ces mêmes associations ont déjà contesté les projets Tanamasoandro et le téléphérique. L'Etat a d'ailleurs cédé la première fois en déplaçant la construction de la nouvelle ville du côté d'Imerintsiatosika.

Peu crédibles.  En tout cas, après cette déclaration du 10 juillet, bon nombre d'observateurs accusent la Société civile d'être manipulée politiquement. En effet, après la participation de certains d'entre eux au mouvement du « Hetsika Fotsy » pour réclamer l'annulation du processus électoral au mois de novembre 2023, les leaders de ces associations sont devenus peu crédibles. Et ce, même si certains d'entre eux avaient expliqué qu'ils ont participé à ces manifs en tant que citoyen et non en portant leur casquette de Société civile. Quoiqu'il en soit, le fait de réclamer des explications, notamment des détails sur la procédure d'appel d'offres ayant abouti à la sélection de la Société égyptienne SAMCRETE, un an et demi après le début des chantiers, pourrait aussi engendrer des suspicions de manipulation derrière cette déclaration de la Société civile.

Visionnaires. Force est d'ailleurs de souligner que le tracé de cette autoroute a déjà été modifié afin d'éviter l'empiètement sur les rizières et les champs de culture des riverains. En réponse aux accusations sur la dégradation de la biodiversité, le ministère des Travaux publics a expliqué la semaine dernière que le projet d'autoroute prend en compte minutieusement la protection de l'environnement.

Par ailleurs, le tracé n'est pas définitif et peut être modifié au fur et à mesure de l'avancement des travaux en tenant compte de la préservation de l'environnement. La question est donc de savoir si comme ce fut le cas lors du projet Tanamasoandro à Ambohitrimanjaka, l'Administration Rajoelina va céder à cette exigence de la Société civile. Nul n'ignore que même dans les pays développés, tous les projets de cette envergure font toujours face à des vagues de contestations car le changement et le développement viennent toujours de décisions révolutionnaires prises par des dirigeants visionnaires.

Vu l'état actuel de la route nationale numéro 2 dont le trajet de plus de 10 heures devient un véritable cauchemar pour les voyageurs, les transporteurs, vacanciers et simples citoyens ont hâte de voir la fin des travaux pour pouvoir emprunter la première autoroute de Madagascar qui réduira à 2h30 la durée du trajet Tana - Toamasina.

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