Thiès — L'intersyndicale des personnels enseignants et de recherche (PER), des personnels administratifs, techniques et de service (PATS) et des élèves-ingénieurs de l'École nationale supérieure d'agriculture (ENSA) a observé, mardi, à partir de 10 heures, un débrayage et un arrêt des activités administratives, pour réclamer une rallonge de leur budget de fonctionnement.
"D'un commun accord, l'intersyndicale des PER, PATS et des élèves-ingénieurs de l'ENSA avait décrété un débrayage et un arrêt des activités administratives, mardi à partir de 10 heures", a dit Idrissa Bâ, enseignant-chercheur, chargé de la revendication à la section du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (SAES) de l'ENSA de Thiès.
Des représentants de l'intersyndicale ont rendu publique, lors d'un point de presse dans les locaux de l'établissement, la décision issue d'une réunion, d'arrêter les activités administratives, "jusqu'à nouvel ordre", en raison d'un "manque de moyens pour (les) continuer".
"C'est une urgence absolue de résoudre la situation budgétaire de l'ENSA", a souligné Bâ qui faisait lecture à la presse d'un communiqué conjoint de l'intersyndicale.
Selon lui, depuis la promulgation du décret 2023/ 23-04 du 1er décembre 2023 conférant à l'ENSA son autonomie administrative et financière, "ni le budget, ni les instances, ni la passation de service n'ont été mises en oeuvre. Seule une avance destinée à couvrir le premier trimestre de l'année 2024 a été octroyée à l'ENSA".
Il a ajouté que l'école a pu fonctionner pendant deux trimestres, "grâce au sacrifice" de toutes ses composantes.
"Là, on a atteint le maximum, on est arrivé à un moment où (l'ENSA) ne peut plus fonctionner. Nous n'avons plus de moyens et nous ne pouvons plus aller de l'avant", a insisté l'enseignant-chercheur, qui constate un "manque de fonds pour assurer le fonctionnement, aussi bien sur le plan pédagogique que social".
Pour le syndicaliste, les cours ne peuvent plus se dérouler, faute de matériel pédagogique et de moyens pour rémunérer les vacataires. Il en est de même des sorties pédagogiques et des stages, que cette école d'agriculture organise la plupart du temps pendant la saison des pluies.
Une avance de 400 millions FCFA sur un budget estimé à 2 milliards FCFA
Ces activités se tiennent de juillet jusqu'à octobre, avant la tenue des examens au mois de décembre, selon Alassane Fall, secrétaire général du Syndicat des travailleurs des établissements scolaires et universitaires.
Il explique que l'avance de plus de 400 millions FCFA octroyée par l'État est épuisée et, aucune réponse n'a été obtenue concernant la rallonge demandée. "On nous apprend que nous avons été omis", dit-il, relevant que le ministre de tutelle les a informés qu'une correspondance a adressée à son collègue des Finances.
Selon Idrissa Bâ, la rallonge budgétaire demandée par l'administration a été "bloquée au niveau du ministère des Finances", déplorant un "retard" dans la passation entre l'Université et l'ENSA et l'inexistence d'un décret rattachant l'école au ministère de l'Enseignement supérieur.
Suite au décret qui la sortait de l'université Iba Der Thiam de Thiès à laquelle elle était rattachée, l'ENSA avait évalué son budget à un peu plus de deux milliards FCFA pour disposer d'une autonomie financière, rapporte Alassane Fall.
Elle n'avait reçu que 400 millions avec lesquels elle avait décidé tout de même de démarrer les enseignements, en mettant l'accent sur les cours. Après trois mois de fonctionnement, l'argent était terminé, a-t-il dit.
"Cette situation vient anéantir tous les efforts et sacrifices des enseignants, du service administratif et technique, des étudiants et de l'administration de l'ENSA, pour garantir une année académique normale", regrette-t-il.
Selon Alassane Fall, l'arrêt de toutes les activités se poursuivra jusqu'à ce qu'il y ait une évolution par rapport au dossier de la rallonge demandée où jusqu'à ce que le ministre ou toute autre autorité compétente les reçoive pour leur donner des assurances.
Le syndicat des personnels enseignants de l'ENSA avait déjà observé un mot d'ordre de 48 heures, pour réagir à la présente situation, rappelle Fall.