Cameroun: Laurent Esso - Retour en grâce pour le ministre de la Justice

18 Juillet 2024

Laurent Esso, le ministre de la Justice, a repris du poil de la bête après une longue période de vaches maigres. Ceux qui l'ont rencontré ces dernières semaines ont remarqué un changement notable. Pendant longtemps, il a été la cible de son ennemi juré, Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence de la République, qui n'a cessé de l'humilier en empiétant sur ses prérogatives ministérielles sous le couvert des fameuses « hautes instructions ».

Ce temps est révolu pour Laurent Esso. Le ministre de la Justice est désormais confiant. Et pour cause : ces dernières semaines, il a été reçu à deux reprises par le président de la République, Paul Biya. À l'issue de ces entrevues, Laurent Esso a obtenu l'autorisation de préparer sereinement la tenue du prochain Conseil Supérieur de la Magistrature, qui ne s'est pas réuni depuis trois ans.

Laurent Esso est ainsi l'un des rares membres du gouvernement à avoir rencontré Paul Biya. Même le premier ministre, Dion Ngute, ne le voit presque plus, le chef de l'État vivant depuis plusieurs mois reclus dans sa résidence au Palais d'Etoudi, aménagé spécialement pour qu'il ne se rende qu'exceptionnellement à ses bureaux au troisième étage.

Il faut dire que le ministre de la Justice revient de très loin. À un moment, il a été injustement accusé d'avoir commandité l'assassinat du journaliste Martinez Zogo. Manipulée par l'opinion publique, cette accusation a failli lui coûter sa carrière. Laurent Esso a dû s'expliquer directement auprès de Paul Biya pour démentir cette manipulation. Des enquêtes parallèles ont finalement révélé qu'il n'était ni de près ni de loin associé à cette affaire.

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Pendant des mois, Paul Biya refusait de recevoir Laurent Esso, malgré les interventions du directeur du cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo, l'un des rares à partager une certaine proximité avec lui. Mais progressivement, Paul Biya a décidé de rétablir ses relations avec son vieil ami, au grand dam de Ferdinand Ngoh Ngoh. Ce dernier a d'ailleurs été sommé par Laurent Esso de ne plus jamais appeler à son bureau.

Rappelons que Laurent Esso est le seul responsable à n'avoir jamais quitté le gouvernement depuis l'arrivée de Paul Biya au pouvoir en 1982. Il s'agit donc d'un faucon parmi les faucons.

Ce renouveau marque une victoire significative pour le ministre de la Justice, qui a su surmonter les obstacles placés sur son chemin. Sa capacité à rebondir après des périodes difficiles témoigne de sa résilience et de son influence durable dans la sphère politique camerounaise. Les récentes rencontres avec Paul Biya lui ont non seulement permis de réaffirmer sa position, mais aussi de reprendre le contrôle de ses attributions ministérielles, préparant ainsi la tenue du Conseil Supérieur de la Magistrature après trois ans d'absence.

Pour Laurent Esso, ces développements sont cruciaux, non seulement pour sa carrière, mais aussi pour la justice au Cameroun. La tenue du Conseil Supérieur de la Magistrature pourrait apporter des changements significatifs dans le secteur judiciaire, et la reprise en main de ses prérogatives par Laurent Esso est un signe encourageant pour ceux qui espèrent des réformes et une amélioration de l'administration judiciaire.

Cependant, la rivalité avec Ferdinand Ngoh Ngoh n'est pas terminée. L'avenir de cette relation tumultueuse reste incertain, mais pour l'instant, Laurent Esso a réussi à retrouver une certaine stabilité. Son retour en grâce démontre que, malgré les manipulations et les obstacles, la justice et la détermination peuvent prévaloir.

Ce retournement de situation pourrait également avoir des implications plus larges pour la dynamique du pouvoir au sein du gouvernement camerounais. La réaffirmation de Laurent Esso pourrait encourager d'autres ministres à défendre plus vigoureusement leurs prérogatives et à résister aux tentatives de manipulation. De plus, cela souligne l'importance de la loyauté et de la proximité avec le président Paul Biya, facteur clé de la longévité politique au Cameroun.

En somme, Laurent Esso revient sur le devant de la scène, non seulement en tant que ministre de la Justice, mais aussi comme une figure centrale de l'administration Biya. Son parcours et sa résilience offrent une leçon précieuse sur les réalités du pouvoir et de la politique au Cameroun.

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