En Centrafrique, à l'occasion de la rentrée judiciaire, le ministre de tutelle, Arnaud Djoubaye Abazène, a haussé le ton envers les acteurs du secteur, disant qu'« ils doivent rompre définitivement avec les pratiques du passé : la corruption, l'abus d'autorité, l'abus de pouvoir. » Des déclarations qui laissent des représentants de la société civile plutôt sceptiques. « Il n'y a pas une volonté politique pour tendre vers l'indépendance réelle du système judiciaire centrafricain », souligne l'une d'entre eux.
En Centrafrique, c'est la rentrée judiciaire. Le ministre de la Justice, profitant de l'Assemblée générale des acteurs du secteur à Bangui, lance un message de zéro tolérance pour les bavures de la part des magistrats et juges.
La société civile et l'opposition restent en revanche sceptiques face à cette déclaration et demandent quant à elles une réforme générale du système judiciaire.
Dans son message, à l'occasion de cette Assemblée générale, le garde des Sceaux a opté pour un ton ferme. Alors que la justice centrafricaine est éclaboussée ces derniers mois par des séries de scandales, Arnaud Djoubaye Abazène met en garde. Selon lui, « les acteurs judiciaires doivent rompre définitivement avec les pratiques du passé : la corruption, l'abus d'autorité, l'abus de pouvoir. Bref, tout ce qui est de nature à compromettre leur dignité et leur intégrité. Un juge et un acteur judiciaire parfois peuvent faire des enfants, mais ils ne s'en occupent pas. Et ils sont là pour condamner les autres. Il arrive aussi qu'il y ait des juges qui prennent des décisions excessives. Mais c'est fini, ça. Dans les jours à venir, il y aura des pleurs. »
« Pas de volonté politique de tendre vers l'indépendance réelle du système judiciaire »
Un nouveau cap est fixé, mais la société civile centrafricaine reste sur sa faim. Élysée Nguimalé, coordonnateur de l'Observatoire pour la gouvernance démocratique en Centrafrique (OGDC), répond : « Il s'agit là d'une déclaration sincère ou c'est de l'affèterie. Mais nous, nous pensons que c'est de l'affèterie. Parce qu'il n'y a pas une volonté politique de tendre vers l'indépendance réelle du système judiciaire centrafricain. Les magistrats ne sont pas vraiment indépendants. Ils sont sous la mainmise des autorités politiques. »
De leur côté, les opposants réunis dans le Bloc républicain pour la défense de la Constitution réclament une réforme profonde de l'appareil judiciaire centrafricain. Lors de la rentrée judiciaire, le 12 juillet dernier, le président Faustin-Arche Touadéra a réaffirmé son engagement à faire de la justice un vecteur de consolidation de la paix et de l'État de droit en République centrafricaine.