Laurent Gbagbo appelle à l'union contre Alassane Ouattara, mais les divisions persistent.
Laurent et Simone Gbagbo sont irréconciliables. Sur son compte X, le post de Lazare Koffi Koffi, ancien ministre des eaux et forêts de Gbagbo, et membre du parti de Simone Gbagbo depuis sa création, a répondu en deux petits mots à l'appel à l'union lancé le 14 juillet 2024 par l'ex-président. « Trop tard », a-t-il écrit quelques heures après l'appel de Laurent Gbagbo à l'union de tous ceux qui ne veulent plus voir Alassane Ouattara au pouvoir en 2025. Ce post, bien que laconique, a suscité plusieurs centaines de commentaires et une dizaine de partages, étant repris par plusieurs quotidiens ivoiriens.
L'ancien président Gbagbo avait exhorté tous ceux qui en ont assez du régime de Ouattara à le rejoindre pour empêcher un quatrième mandat. « J'ouvre mes bras à tous ceux qui veulent un rassemblement clair, politique, sain pour battre ce gouvernement. J'ouvre les bras, et je les attends », avait-il déclaré sous un préau aménagé pour lui et sa suite.
Des Tensions à Bonoua
Le meeting de Bonoua avait déjà des allures problématiques, étant donné qu'il n'avait pas été précédé d'une réconciliation a minima avec l'ex-première dame, Simone Gbagbo, dont c'est la ville natale. Des tensions avaient surgi dès les préparatifs : certains jeunes du village acceptaient la venue de Gbagbo, mais pas avec sa nouvelle épouse, Nadiany Bamba. Le retour de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire en juin 2021, après son acquittement par la Cour pénale internationale, avait été marqué par son arrivée au bras de sa maîtresse, alors que son divorce n'était pas encore prononcé.
Depuis ce jour, les divisions au sein du parti se sont accentuées. Simone Gbagbo et ses partisans, ressentant une profonde trahison, ont consolidé leur propre mouvement politique, le Mouvement des générations capables (MGC).
Réactions Mitigées et Débats Enflammés
L'appel à l'union de Laurent Gbagbo a suscité des réactions mitigées. Sur le réseau X, les débats étaient houleux entre les partisans de l'union et ceux qui doutent de la sincérité de l'ex-président. Quatre mois plus tôt, Laurent Gbagbo avait affirmé que son rôle n'était pas d'unir la gauche ivoirienne, mais de conduire son parti au pouvoir, sabotant ainsi les bases de son ancienne coalition politique et accusant son ancien premier ministre, Affi N'guessan, de vouloir lui confisquer le Front populaire ivoirien (FPI).
L'Anti-Union de Sébastien Dano Djédjé
Du côté des partis politiques, seule Danièle Boni-Claverie, présidente de l'Union pour la république et la démocratie (URD), a souhaité que l'appel de l'ancien président soit entendu. Cependant, ni le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), ni le MGC, ni le FPI n'ont commenté le discours de Gbagbo. Pendant ce temps, le Parti des peuples africains (PPA-CI) maintient la pression. Laurent Gbagbo a nommé Sébastien Dano Djédjé, ancien ministre de la réconciliation nationale, comme « interlocuteur unique » pour ceux souhaitant rejoindre son combat. Dano Djédjé est un antiunioniste assumé, ce qui montre que Laurent Gbagbo ne cherche pas vraiment à réunifier son camp.
Divisions et Conséquences Politiques
Les divisions au sein de l'opposition ivoirienne sont profondes et rendent difficile toute tentative de regroupement. Simone Gbagbo, à la tête du MGC, continue de mobiliser ses partisans autour de sa vision politique. L'appel à l'union de Laurent Gbagbo est perçu par beaucoup comme une stratégie pour saborder les plateformes d'union en cours, notamment celle rassemblant les principaux partis politiques de Côte d'Ivoire autour du MGC.
La fragmentation de l'opposition pourrait affaiblir ses chances de succès aux élections de 2025, alors que Alassane Ouattara et son parti restent solidement en place. La capacité de l'opposition à se rassembler et à proposer une alternative crédible sera cruciale pour l'avenir politique de la Côte d'Ivoire.
En conclusion, l'appel à l'union de Laurent Gbagbo est un geste symbolique qui cache des divisions profondes au sein de l'opposition ivoirienne. Les rivalités personnelles et politiques, ainsi que les stratégies divergentes, compliquent la tâche de ceux qui espèrent voir un changement de gouvernement en 2025. La réconciliation entre Laurent et Simone Gbagbo semble impossible, laissant l'opposition fragmentée et affaiblie.