Madagascar: Mairie d'Antananarivo- La capitale à la recherche de son «Rambo»

Outre les enjeux politiques, les tâches qui attendent le futur maire de la capitale sont lourdes et nombreuses. Il faudra ainsi trouver un candidat aux épaules larges pour convaincre les électeurs.

Une perle rare. C'est ce que chaque camp politique cherche à trouver dans ses rangs ou en dehors pour aligner à la course à la mairie d'Antananarivo. Une quête difficile face aux défis à multiples dimensions qu'impose la capitale. Après les législatives, les regards se tournent vers les élections communales prévues au mois de novembre, sauf changement. Que ce soit au sein du microcosme politique, qu'auprès des observateurs, une question se fait insistante. Qui aura le profil de l'emploi ? Trouver la réponse n'est pas aisé. En plus des enjeux politiques, en effet, il faudra dénicher le candidat le mieux taillé pour la fonction.

Le premier magistrat de la Commune urbaine d'Antananarivo (CUA) devra avoir les épaules larges et les nerfs solides pour remettre dans le droit chemin une ville qui semble en perdition. Une personnalité qui fera preuve d'une abnégation et d'une détermination sans faille pour mener à bien sa mission. Anarchie, incivisme, insalubrité et insécurité règnent dans la capitale. Pour relever le défi de la ville des mille, le premier obstacle à surmonter est sa population.

Les habitants de la capitale sont râleurs, donneurs de leçons et frondeurs. Paradoxalement, ils sont indisciplinés et peu enclins à participer aux efforts collectifs dans le sens du bien commun et du mieux-vivre ensemble. Ils n'hésitent pas à démontrer cette réputation de frondeurs lorsque leurs intérêts, qui souvent nuisent à l'intérêt général, sont en jeu. La liste des exemples est longue.

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Il y a par exemple les manifestations des marchands de rue lors des opérations d'assainissement des marchés ou des transports en commun, les révoltes des riverains lorsqu'il s'avère nécessaire de procéder à la démolition d'habitations construites illégalement sur des canaux d'évacuation. Même dans les quartiers résidentiels, les tentatives d'assainissement des parkings sauvages en bord de route font face à des frondes. La moindre réforme est contestée.

Il faudra vraisemblablement un maire qui soit intransigeant tout en étant à la fois conciliant lorsqu'il le faut. Il faudra toutefois savoir faire la différence entre être magnanime et populisme. Des situations nécessitent en effet des mesures drastiques. À plusieurs égards, cette intransigeance s'impose à l'endroit des administrés, mais également vis-à-vis des responsables et du personnel de la CUA.

Enjeu politique

Combattre la corruption et l'indiscipline dans les rangs de l'administration municipale est aussi incontournable pour le futur maire. Un fléau qui complique encore plus la gestion de la ville, comme les marchés ou encore l'urbanisme. Une situation qui motive aussi la méfiance des administrés face aux mesures impliquant leur contribution financière. La question financière est justement l'autre gros obstacle que devra relever celui qui siégera à la tête de la CUA.

Le premier magistrat de la ville doit être une personne qui a la force de persuasion nécessaire pour convaincre les contribuables à payer leur dû. Une capacité de négociation pour convaincre l'État et les partenaires internationaux ainsi que privés à soutenir les caisses de la Commune est aussi nécessaire. Rien que pour le ramassage des ordures, le budget nécessaire se chiffre en dizaines de millions d'ariary par jour. Sans compter les besoins pour la réfection des routes et d'éventuels projets d'infrastructures ambitieuses.

Cependant, Antananarivo revêt aussi un enjeu politique majeur. La conquête de la magistrature de la capitale demeure un objectif principal pour les entités politiques. Gagner dans la ville des mille offre un crédit politique incontestable. Des maires d'Antananarivo ont mis en avant leur titre pour viser le sommet de l'État. Les bras de fer entre l'État central et les maires issus de l'opposition n'ont fait qu'embourber la capitale dans le délabrement et l'anarchie.

Des maires d'opposition et leur famille politique se sont concentrés à faire de la ville une rampe de lancement politique et financière pour la conquête de la présidence de la République. Toutefois, la situation actuelle démontre qu'être proche du pouvoir ne suffit pas non plus pour redorer le blason de la ville des mille. Les problèmes financiers persistent. Le redressement d'Antananarivo et la quête d'une sympathie populaire semblent également incompatibles.

Assainissement, sécurité, urbanisme, voirie, gestion des marchés et embellissement de la ville sont des attributions classiques d'une administration municipale. À Antananarivo, pourtant, elles paraissent être une mission périlleuse que seul un "Rambo" peut mener à bien. Dans une certaine mesure, le redressement de la ville pourrait nécessiter un "kamikaze politique", dont le principal objectif est de réussir sa mission. Toutefois, lorsque les résultats sont concluants, les "Rambo" deviennent souvent des héros.

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