À Saint-Louis, dans le nord du Sénégal, des pêcheurs se sont rassemblés sur une plage pour dire leur colère d'être insuffisamment pris en compte par l'entreprise British Petroleum (BP). Car le géant pétrolier co-gère avec l'entreprise Kosmos la plateforme gazière Grand Tortue Ahmeyim (GTA) en cours de finalisation au large des côtes sénégalaises. Ils l'accusent d'être responsable de la raréfaction des poissons dans leurs filets.
Au Sénégal, les pêcheurs artisanaux de Saint-Louis, dans le nord du pays, s'alarment d'une catastrophe écologique et économique en cours, selon eux. En cause, l'exploitation gazière à venir au large de ses côtes. Ils accusent la plateforme gazière gérée par BP et Kosmos d'être responsable de la raréfaction des poissons dans leurs filets. Ils demandent de pouvoir continuer à pêcher et des compensations à la hauteur du préjudice subi.
Cela fait ainsi plusieurs mois que les pêcheurs de Saint-Louis alertent sur la difficulté de pêcher des poissons depuis que la plateforme gazière a été construite en pleine mer, à 40 kilomètres de la côte. Le 18 juillet 2024, ils sont allés plus loin en organisant un rassemblement sur la plage pour dire leur colère de n'être pas plus pris en compte par l'entreprise British Petroleum
Mamadou Sarr, président de la Commission environnementale des pêcheurs de Saint-Louis, l'explique : « C'est un sentiment de désarroi, d'injustice sociale. On a en face de nous une plateforme dont les opérateurs n'ont même pas la courtoisie de venir parler avec les pêcheurs. Nous, notre seule source de revenus, c'est la mer, c'est le poisson. »
« BP a pris ce récif et il n'a rien fait pour les pêcheurs de Saint-Louis »
Des poissons quasi impossibles à trouver, à moins d'aller dans les eaux mauritaniennes, affirme le Secrétaire général de l'Association des pêcheurs à la ligne de Saint-Louis. Car l'entreprise BP est justement sur le récif le plus poissonneux, selon Mame Moussé. « Depuis nos ancêtres, c'est là où on pratiquait la pêche, nous, les pêcheurs de Saint-Louis, lance-t-il. BP a pris ce récif et il n'a rien fait pour les pêcheurs de Saint-Louis. On ne peut pas pêcher près des plateformes, et la plateforme est sur le récif. Ils nous chassent, détruisent même nos matériels de pêche. On n'a pas d'autres espaces pour pêcher ».
Les pêcheurs de Saint-Louis dénoncent des engagements non-tenus par les entreprises BP et Kosmos, comme celui de recréer un récif artificiel pour faire revenir les poissons perdus. Les pêcheurs demandent donc aux autorités sénégalaises de prendre des mesures pour garantir la survie de la pêche à Saint-Louis. Un secteur qui y occupe 40 000 personnes, selon l'association des pêcheurs artisanaux.
La crainte est grande, qu'avec le début de l'exploitation du gaz d'ici à la fin de l'année et la circulation de gigantesques bateaux tanker, que la pêche artisanale ne soit vouée à disparaître.
La plateforme gazière est installée à 90 % désormais. La société des pétroles du Sénégal mise sur un démarrage de la production de 2,3 millions de tonnes par an, au troisième trimestre de cette année.
RFI n'a pas pu obtenir une réaction des entreprises BP et Kosmos dans l'immédiat.