À Madagascar, à trois jours du début des épreuves du baccalauréat le 22 juillet, à chacun sa méthode de travail. De nombreux concentrent leurs derniers efforts dans des séances de révisions intensives, les traditionnelles « faradoboka ». En seulement quelques heures, les organisateurs - des collectifs de professeurs - promettent astuces et sujets-types. Avec un système éducatif fragile sur l'île, ces séances très populaires sont pensées pour donner plus de chances aux élèves. Reportage dans un lycée privé à Antananarivo.
Une prière pour ouvrir la séance et placer les 200 participants du jour sous de bons auspices. Parmi eux, Maya, candidate en série A2, filière à dominante littéraire. La jeune fille de 16 ans a tenu à assister aux révisions des sciences, l'une de ses matières redoutées. « On est venu prendre les dernières mesures pour se préparer au baccalauréat de lundi, explique-t-elle. Durant l'année scolaire, on a parfois trop peu travaillé. Ça nous permet de mieux comprendre ».
Derrière ces révisions intensives, proposées à 7 000 ariarys - environ 1,50 euro - par matière, les attentes sont grandes. Les promesses aussi.
Pour un professeur de sciences de la vie et de la terre, l'un des organisateurs du faradoboka du jour, si le baccalauréat n'assure ni le succès à l'université, ni un emploi à terme, il reste pour les candidats une porte d'entrée sur le monde du travail. Pour le pays, il reste un puissant levier de développement : « Pour faire avancer la situation sociale et économique à Madagascar, l'éducation est la base. Nelson Mandela a dit que l'éducation est l'arme la plus redoutable pour changer le monde. Et, ici, lors de ces séances, il est question de 7 000 ariarys pour pouvoir réussir à l'examen. C'est abordable. »
En 2022, moins d'un candidat sur deux avait décroché le bac
Dans la cour du lycée, Narindra attend seul ses camarades venus assister au faradoboka. Lui n'a au contraire pas pu faire peser cette dépense supplémentaire - pouvant atteindre les 35 000 ariarys, soit environ 7 euros - sur le portefeuille de ses parents : « Ils ont déjà investi beaucoup trop d'argent sur mon bac : les fournitures scolaires, les vêtements, etc. Je bosse tout seul et je vais réussir, je n'ai pas le choix. C'est un peu la galère chez nous, donc il faut que je réussisse pour rendre fiers mes parents, aller de l'avant et avoir une meilleure vie. »
Pas de quoi décourager Narindra alors que la réussite au baccalauréat reste un défi pour les élèves malgaches. En 2022, moins d'un candidat sur deux avait décroché ce diplôme.