A l'image des pionniers du cinéma congolais tels Bayack Germain, Sébastien Kamba, Jean-Marie Kouapiti, Patrice Matoko, Bernard Lounda et Edouard Okoula, Anatole Mafoula est une icône de l'audiovisuel et du septième art. Nom familier des téléspectateurs de Télé Congo, il a été, pendant plus de trente ans, l'un des hommes de l'ombre. Dans l'interview accordée aux Dépêches du Bassin du Congo, il met la lumière sur son parcours et sa passion : les films animaliers...
Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : En 1981 après avoir obtenu le baccalauréat littéraire, vous vous retrouvez dans les mains des professionnels de la télévision pour un apprentissage d'un métier qui n'était pas dans vos ambitions. Comment cela s'est -il passé ?
Anatole Mafoula (A.M.) : Je suis mis à la disposition de la télévision par la Direction de l'orientation et des bourses, en 1981, après le baccalauréat série A4 (littéraire) obtenu au lycée Lénine de Loubomo, actuelle Dolisie. De1981 à 1984, j'ai bénéficié d'une formation au « studio école » de la télévision congolaise en techniques de prise de vues et assistant cameraman, sous l'encadrement des professionnels Sébastien Kamba et Célestin Mbemba. La formation au métier d'opérateur de prise de vues s'effectuait au studio de Télé Congo. En studio, pendant les directs et les différés, je travaillais en double avec Blaise Onguet et Thierry Kitsoukou. La formation à la production audiovisuelle était assurée par Sébastien Kamba.
L.D.B.C. : Trois ans plus tard, une opportunité vous sourit. Une formation à l'étranger. Racontez-nous ce moment important de votre parcours.
A.M. : J'ai reçu une bourse de l'Unesco et le 28 septembre 1984 je suis parti pour Moscou, puis à Kiev (Institut supérieur de cinéma Kapenko-Kary), pour poursuivre la formation en prise de vues qui aura duré de 1984 à 1991. De retour au Congo, j'ai travaillé dans les reportages, les actualités et les documentaires et les films d'art. Pour plus de liberté de création, j'ai choisi la production des films et des reportages animaliers.
Ainsi, trois films m'ont mis en lumière sur la scène internationale : le parc national Nouabalé-Ndoki, le parc national d'Odzala-kokoua et le parc national Conkouati-Ndouli. Le film animalier « La faune assassinée » est l'un des meilleurs qui a révélé le massacre de cinq cents éléphants dans la saline de Moandje en 1995. J'ai aussi travaillé dans le tournage de films d'art comme directeur de photographie (dans les films " La mine", "L'autre fils de Dieu"...).
En privé, j'ai travaillé pour certaines structures telles que National Géographic, TV ABCI-news, Score, TV5-Afrique, Business-Afrique, Incef (une ONG américaine de conservation et d'éducation environnementale), Action communautaire et le Programme d'urgence, de relance d'actions communautaires, deux projets du Programme des Nations unies pour le développement à Brazzaville -
L.D.B.C.: Quel est le message que vous pouvez donner aux jeunes qui embrassent ce métier ?
A.M. : Pour les débutants, le métier de cameraman commande des savoirs techniques et artistiques. Il nécessite un esprit créatif, de la maîtrise et des connaissances des nouvelles ainsi que de la « grammaire de la langue filmée ». Les jeunes doivent savoir que l'image n'existe pas sans la lumière, et la lumière est la part noble du métier qu'ils embrassent. Cette notion doit être leur leitmotiv.
L.D.B.C. : Vos projets actuels ?
A.M. : Sincèrement, je suis partant pour les festivals, mais je garde ma soif de réalisation de vidéos animalières. Des perspectives oui ! je suis à la retraite, je compte jouir de mon repos. Mais, je continue la production à la demande. Je peux aussi assurer la formation à la carte. Pour tout dire, mon engagement pour la défense de l'art et de l'industrie cinématographique du pays demeure vif.