Cameroun: Polémique sur la priorité gouvernementale du prix de la bière face à l'inflation

20 Juillet 2024

Au coeur d'une polémique grandissante, le gouvernement camerounais se trouve sous le feu des critiques pour sa gestion des prix à la consommation. La militante panafricaniste Nathalie Yamb a récemment déclenché un débat houleux en dénonçant les priorités apparentes des autorités camerounaises, accusées de se focaliser sur le prix de la bière au détriment de produits essentiels.

Dans une publication sur le réseau social X (anciennement Twitter), la militante camerouno-suisse a exprimé son mécontentement en comparant la situation au Cameroun avec celle du Niger : « Au Niger, les autorités font baisser le prix de l'essence de 540 fcfa à 499 fcfa, et du gasoil de 688 à 618 fcfa. Au Cameroun, c'est le prix de la bière qui est au centre de l'attention des autorités. Les peuples ont les dirigeants qu'ils méritent... #PaysPenché », a-t-elle déclaré, soulignant ainsi le contraste saisissant entre les approches des deux pays face à l'inflation.

Cette sortie intervient dans un contexte où le gouvernement camerounais a récemment pris position sur la question du prix de la bière. Le 16 juillet 2024, lors d'une réunion à Yaoundé, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a rencontré les représentants de la filière brassicole pour discuter d'une éventuelle augmentation des prix. Malgré les plaidoyers des acteurs du secteur pour une hausse de 100 francs CFA par bouteille de 65 cl, justifiée par l'augmentation des coûts de production, le gouvernement est resté inflexible, décidant de maintenir les prix actuels.

Les brasseurs camerounais ont fait valoir que leur industrie fait face à un « tsunami inflationniste » depuis environ trois ans, citant la hausse des prix des matières premières, des consommables, du carburant, du gaz, de l'électricité et des salaires. Cependant, ces arguments n'ont pas convaincu les autorités. Le ministre du Commerce a plutôt pointé du doigt le manque d'organisation et de dialogue au sein de la filière, ainsi que des relations contractuelles déséquilibrées entre producteurs et distributeurs.

La position ferme du gouvernement sur le prix de la bière soulève des questions sur la cohérence de sa politique économique. Comme le souligne Nathalie Yamb, si l'État camerounais peut se montrer inflexible sur ce sujet, pourquoi ne pas adopter la même attitude envers d'autres produits plus essentiels qui connaissent également une forte inflation ?

Cette controverse met en lumière les défis auxquels le Cameroun est confronté en matière de gestion économique et de coût de la vie. L'inflation touchant de nombreux secteurs, la population s'interroge sur les priorités du gouvernement et sa capacité à protéger le pouvoir d'achat des citoyens.

Le débat suscité par les remarques de Nathalie Yamb révèle également une frustration croissante face à ce qui est perçu comme un manque de vision à long terme dans la politique économique du pays. Alors que d'autres nations de la région prennent des mesures pour atténuer l'impact de l'inflation sur les produits de première nécessité, le Cameroun semble, aux yeux de ses critiques, se concentrer sur des questions moins urgentes.

Cette situation soulève des interrogations sur la stratégie économique globale du Cameroun. Comment le gouvernement compte-t-il équilibrer les intérêts des différents secteurs économiques tout en protégeant les consommateurs ? Quelles mesures seront prises pour faire face à l'inflation croissante sur les produits essentiels ?

La controverse autour du prix de la bière pourrait bien être le catalyseur d'un débat plus large sur la politique économique du Cameroun. Elle met en évidence la nécessité d'une approche plus holistique et équilibrée pour gérer l'économie nationale, en prenant en compte les besoins de tous les secteurs et, surtout, ceux des citoyens ordinaires confrontés à la hausse du coût de la vie.

En conclusion, cette polémique sur le prix de la bière au Cameroun révèle des tensions plus profondes au sein de la société camerounaise concernant les priorités économiques du gouvernement. Elle souligne l'urgence d'un dialogue national sur la manière de faire face aux défis économiques actuels, tout en assurant une distribution équitable des ressources et une protection efficace du pouvoir d'achat des citoyens. Le gouvernement camerounais se trouve désormais face à un défi de taille : démontrer qu'il peut gérer efficacement l'inflation tout en répondant aux préoccupations de sa population sur les questions économiques les plus pressantes.

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