Cameroun: Xavier Messe alerte - L'autocensure et la peur menacent la liberté de la presse au presse

21 Juillet 2024

Dans une intervention poignante sur STV ce dimanche, le journaliste chevronné Xavier Messe a dressé un tableau alarmant de l'état actuel de la liberté de la presse au Cameroun. Ses propos, empreints d'inquiétude et de frustration, mettent en lumière une tendance croissante à l'autocensure parmi les professionnels des médias, révélant un climat de peur qui étouffe progressivement la voix libre et indépendante de la presse camerounaise.

Messe, figure respectée du journalisme camerounais, a partagé son expérience personnelle, illustrant de manière frappante l'évolution du paysage médiatique au cours des dernières années. "Aujourd'hui, on voit comment les journalistes ont peur de s'exprimer," a-t-il déclaré, soulignant un changement radical dans la pratique quotidienne du métier.

Le journaliste a révélé que, contrairement à sa pratique antérieure, il se trouve désormais contraint de soumettre ses éditoriaux à plusieurs relectures, y compris par des juristes, avant publication. Cette démarche, inédite dans sa carrière, vise à évaluer les risques potentiels liés à ses écrits. "C'est un comportement que je n'avais pas," a-t-il confié, mettant en évidence l'ampleur des changements survenus dans l'environnement médiatique camerounais.

Cette situation est d'autant plus frappante que Messe affirme n'avoir jamais été confronté à la censure au cours de sa longue carrière. "Durant toute ma carrière, aucun de mes articles n'a été censuré," a-t-il rappelé, soulignant ainsi le contraste saisissant avec la situation actuelle où sa liberté d'expression se trouve considérablement restreinte.

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Le témoignage de Xavier Messe met en lumière un phénomène plus large d'autocensure qui semble gagner l'ensemble de la profession journalistique au Cameroun. "Si aujourd'hui j'estime être outillé pour prendre des précautions, à plus forte raison les autres," a-t-il souligné, exprimant sa préoccupation pour ses collègues moins expérimentés ou moins établis dans le métier.

Cette tendance à l'autocensure se reflète également dans le contenu des médias camerounais. Messe a pointé du doigt l'évolution visible des titres de journaux, affirmant que "la presse qu'on a aujourd'hui n'est pas celle d'il y a 5 ans, parce que tout le monde a peur." Cette observation souligne un changement profond dans la nature même de l'information diffusée au public camerounais.

Les propos de Xavier Messe soulèvent des questions cruciales sur l'avenir du journalisme au Cameroun et le rôle de la presse dans une société démocratique. La peur exprimée par les journalistes et l'autocensure qui en découle menacent directement le droit du public à une information libre et objective.

Cette situation a des implications profondes pour la santé démocratique du Cameroun. Une presse libre et indépendante est essentielle pour tenir les pouvoirs publics responsables, stimuler le débat public et garantir la transparence dans la gestion des affaires de l'État. L'érosion progressive de cette liberté, telle que décrite par Messe, pourrait avoir des conséquences à long terme sur la qualité du discours public et la participation citoyenne.

Le témoignage de Xavier Messe lance un appel à l'action pour protéger et renforcer la liberté de la presse au Cameroun. Il souligne la nécessité d'un cadre juridique solide qui protège les journalistes contre les intimidations et les poursuites abusives, tout en garantissant leur droit à exercer leur métier sans crainte de représailles.

En conclusion, les révélations de Xavier Messe sur STV sonnent comme un signal d'alarme pour la société camerounaise dans son ensemble. Elles mettent en lumière l'urgence de préserver un espace médiatique libre et dynamique, essentiel au bon fonctionnement de la démocratie. La lutte contre l'autocensure et la peur dans le journalisme apparaît comme un défi majeur que le Cameroun devra relever pour garantir la vitalité de son débat public et la santé de ses institutions démocratiques.

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