Ile Maurice: Détention des demandeurs d'asile tamouls - Visite annulée et déni de justice

Le 17 juillet 2024, la Cour suprême du British Indian Ocean Territory (BIOT) devait se rendre sur l'île de Diego Garcia pour examiner une plainte concernant la détention illégale de demandeurs d'asile tamouls. Ces réfugiés, qui avaient fui les persécutions au Sri Lanka, avaient été secourus en octobre 2021 après que leur bateau, en route vers le Canada, a rencontré des difficultés en mer.

Leurs espoirs d'un nouveau départ ont rapidement été anéantis lorsqu'ils ont été débarqués à Diego Garcia, où ils vivent depuis dans des conditions déplorables.

Actuellement logés dans un camp de tentes sur une aire équivalente à un terrain de football, ces demandeurs d'asile sont confrontés à des conditions de vie précaires, marquées par une infestation de rats et des infrastructures rudimentaires. Leur situation désespérée les pousse à demander une relocalisation urgente dans un pays tiers sûr. Cependant, la situation a pris une tournure dramatique lorsque la visite de la Cour suprême a été annulée.

Les autorités américaines, qui louent une partie de l'île aux Britanniques pour des installations militaires et nucléaires, ont interdit l'accès à certaines zones de Diego Garcia. Cette décision a été communiquée quelques heures avant l'embarquement du juge et des équipes juridiques, entraînant l'annulation de la visite. Le commissaire adjoint du BIOT, Nishi Dholakia, a confirmé que les autorités américaines avaient refusé de permettre au juge et aux équipes juridiques de se rendre sur l'île à bord de vols militaires américains.

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De plus, elles avaient décidé de ne pas fournir de transport, d'hébergement ou de nourriture jusqu'à ce que les questions sécuritaires et opérationnelles soient résolues.

Les États-Unis ont indiqué qu'ils pourraient envisager une nouvelle demande si la visite pouvait être organisée de manière à répondre à leurs préoccupations sécuritaires. Cependant, cette situation a eu des conséquences dévastatrices pour les demandeurs d'asile. Me Chris Buttler KC, avocat représentant certains d'entre eux, a exprimé son indignation face à l'annulation de l'audience, soulignant que cet événement avait eu un impact extrêmement négatif sur ses clients.

Certains ont même tenté de se suicider en raison du désespoir et de la détresse liés à leur situation précaire sur l'île. «Depuis cinq mois, nos clients comptent les jours. Ce retard représente un réel danger pour leur vie», a-t-il averti.

Tessa Gregory, associée chez Leigh Day Solicitors et spécialiste de l'affaire, considère cette interdiction comme un affront majeur à l'État de droit. Elle est convaincue que le ministre britannique des Affaires étrangères fait tout ce qui est en son pouvoir pour garantir que l'audience se tienne dans les plus brefs délais. Les complications ont surgi juste avant les dernières élections législatives britanniques, alors que le dossier était initialement sous la responsabilité de David Cameron, puis transféré au ministre des Affaires étrangères David Lammy.

La juge Obi, en charge de la Cour suprême du BIOT, devait examiner les allégations de détention illégale après avoir rejeté un appel du commissaire du BIOT, qui avait affirmé que l'engagement serait inutile et excessivement coûteux. L'audience devait s'étendre sur deux jours, avec les équipes juridiques des demandeurs d'asile de Leigh Day et Duncan Lewis prévues pour se rendre sur place et rencontrer leurs clients en personne pour la première fois depuis le début de l'affaire en 2021.

En avril dernier, la Cour suprême du BIOT avait accordé une libération sous caution aux demandeurs d'asile, leur permettant de quitter le camp pour la première fois en 32 mois et de suivre un itinéraire précis avec accès aux plages. La récente annulation de la visite a non seulement retardé la résolution de leur cas, mais a également exacerbé leur souffrance, mettant en lumière l'urgence d'une résolution rapide et humaine de leur situation.

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