Le ministre centrafricain de la Justice donne jusqu'au 30 juillet aux ONG nationales et internationales travaillant sur les droits de l'homme dans le pays, pour transmettre leur rapport d'activité sur l'année 2023. Comme son confrère de l'Économie quelques jours plus tôt, il enjoint ces organisations à respecter leurs obligations légales. Les ONG, elles, reconnaissent certains manquements liés à un cadre jusque-là flou, mais on s'interroge également sur cette communication et sur un possible tour de vis à leur encontre.
Le premier rappel à l'ordre, au début du mois, émane d'une circulaire du ministre de l'Économie Richard Filakota. Celui-ci s'agace de la publication par des ONG de données collectées mais non validées par les instances nationales, une obligation règlementaire, selon lui. Il cite l'article 40 du décret du 23 avril dernier, appliquant la loi de 2019 encadrant l'activité des ONG.
Ce même article est repris par le ministre de la Justice Arnaud Djoubaye Abazène. La circulaire prise cette semaine exige l'envoi des rapports 2023 des ONG traitant des droits humains, au plus tard le 30 juillet, et menace de suspensions ou retraits des agréments.
Il menace aussi des organisations qui seraient en lien avec des partis politiques, des candidats à des élections, des « activités subversives », ou « inciteraient à la violence, à la haine ou à la discrimination ».
Plusieurs responsables d'ONG joints à Bangui reconnaissent que jusque-là le cadre légal était peu précis et donc pas forcément respecté. Les interlocuteurs estiment qu'un meilleur contrôle est souhaitable, mais s'interrogent sur son application et sur de possibles menaces contre leurs activités.
Cela intervient notamment après l'arrestation fin mai d'un consultant de l'ONG américaine FHI 360. Cette arrestation a donné lieu à une mise en garde aux acteurs du secteur.