Ile Maurice: Se rapprocher de la vérité

Personne ne contredira le fait que le partenariat entre l'Inde et l'île Maurice est spécial. Très spécial même. La cybercité, le métro, la nouvelle Cour suprême, les travaux d'infrastructure à Agaléga, l'hôpital de Flacq, un centre d'excellence Ayush, ça compte !

Lors de la visite éclair du ministre des Affaires étrangères de l'Inde, le PM a trouvé utile de souligner que la Grande péninsule aura aussi permis la réalisation de 96 projets communautaires «qui bénéficient à tous les citoyens du pays». Pourquoi se sentirait-il obligé de le dire ? Est-ce parce que de petits esprits pourraient conclure que la numérisation des documents détenus au MGI sur les travailleurs engagés ou que le réaménagement du complexe du sanctuaire spirituel de Ganga Talao pourraient être perçus comme des faveurs plus 'communales' ?

Peut-être bien... ?

Mais la réalité est que le réaménagement de Ganga Talao appartiendra, de fait, à tous ceux qui, dans le pays, chacun selon ses préférences, y trouveront source de bon goût, de spiritualité ou de sérénité. La réalité est que la numérisation de nos archives, y compris les documents des travailleurs engagés, est un devoir de mémoire valable et profondément respectueux de notre passé et que seule serait 'communale' une attitude qui, par la suite, ne préserverait pas toutes nos archives nationales et notre passé commun, avec la même vigueur et le même sérieux.

%

L'Inde s'engage à préserver des archives de l'immigration indienne, comme la France pourrait s'engager pour préserver le Moulin à Poudre, à défaut de la Boulangerie du Roy. Quoi de plus normal ? Quoi de plus normal aussi que quelques-uns des bâtiments coloniaux de notre passé lointain (certaines magistratures, écoles et maisons créoles) soient preservés avec soin par nos gouvernements, quand des pays 'amis', qui ne peuvent d'évidence pas tout faire pour nous, repoussent nos demandes de charité auxquelles nous sommes encore adeptes.

La réalité, enfin, c'est que les petits esprits sont ceux qui, ayant préservé les documents des travailleurs engagés de l'Inde et qui auront décidé, un beau jour, de bloquer l'accès direct du grand public à ces archives et de tenter ainsi, de masquer/retarder des vérités historiques.

Car la véracité est souvent maquillée pour plaire au mensonge. Et quand on commence à déformer ou à réformer les faits, on épouse la cause de l'imposture et on est dès lors capable de tout !

Dans les pages économiques de l'express, ce mercredi, un article qui souligne la frustration de certains Mauriciens par rapport aux tarifs hôteliers offerts aux Mauriciens qui oscilleraient actuellement entre Rs 15 000 et Rs 20 000 pour une nuit, all-inclusive, englobant l'hébergement, les repas ainsi que diverses activités. Cette hausse des prix, est-il écrit, soulèverait des questions sur «l'équité des offres touristiques et incite certains Mauriciens à réclamer une révision des politiques tarifaires pour que ces offres deviennent plus accessibles aux locaux».

D'abord, il faudrait reconnaître que l'offre des hôtels mauriciens varie grandement, si l'on se réfère aux seules agences locales offrant des 'deals'. Les tarifs démarraient, cette semaine, à Rs 4 900 pour un 3-étoiles, se situaient généralement entre Rs 8 000 et Rs 12 000 pour des 4-étoiles et pouvaient même atteindre les Rs 26 000 pour du half board en 5-étoiles de luxe ; les tarifs pour villas pouvant atteindre des sommets encore plus importants...

Le témoignage de Sarah précise que la dernière fois qu'elle était en vacances dans un hôtel, c'était il y a 10 ans pour Rs 6 000 pour une nuit, all-inclusive. Les tarifs d'aujourd'hui «ne reflètent pas la réalité économique des Mauriciens», dit encore Sarah et on la croit sincère, au moins pour SON cas particulier ! Encore faut-il savoir si elle compare 'like with like' en termes de qualité d'hôtel et de prestation de service, d'une part, et si son salaire ou, plus exactement, ses capacités à dépenser, ont évolué à la même cadence que les tarifs d'hôtel.

En effet, si le salaire minimum, les prestations sociales et la pension de vieillesse ont beaucoup progressé et se sont améliorés, de manière concrète, ce pouvoir d'achat est au bas de l'échelle. Sarah ne décrit-elle pas, ici, le 'squeeze' des classes moyennes aux salaires dépréciés ?

Car, le fait est que la roupie d'aujourd'hui vaut 55,9 % de moins qu'il y a dix ans ! Il fallait, en effet, Rs 30,65 pour acheter un dollar le 1er juillet 2014 et il fallait trouver Rs 47,77, dix ans plus tard. De plus, nous importons tellement de nos besoins. Les Rs 6 000 de juillet 2014 représentent Rs 9 360 en juillet 2024, ce qui semble être dans les normes du jour. Si le salaire de Sarah n'a pas, par contre, progressé par 55,9 % et que le profil de ses dépenses a réduit la 'disponibilité' de fonds pour ses vacances, elle se sentira évidemment décrochée... C'est inévitable !

Car, la cruelle réalité économique est qu'aucun produit vendu ne reflète jamais la réalité économique de tous les acheteurs. Une Porsche n'est pas accessible au commun des mortels. Pas plus que trente perches de terrain dans un endroit moyennement prisé. Ou qu'un hôtel affichant cinq étoiles. En plus, le drame de l'inflation, cumulée trop rapidement ; par exemple dans le sillage d'une devise qui glisse, est que tout le monde a besoin d'ajuster son pouvoir d'achat pour courir derrière la hausse des prix.

Un exemple frappant : un éleveur qui alimente sa vache d'herbes fraîches et d'eau ne devrait pas, peut-on penser, augmenter le prix du lait qu'il vend ? Seulement voilà, s'il a besoin de 55,9 % de roupies de plus, quand il va, à son tour, faire ses emplettes, il sera aussi forcé d'augmenter le prix de son litre de lait ! De cette manière, toute l'économie est prise dans le tourbillon ! Et le salaire, c'est le litre de lait du salarié, bien évidemment...

On nous l'aura imposé au perchoir de l'Assemblée parlementaire pendant presque 4 ans. Aujourd'hui, ce n'est évidemment pas par acte de contrition du Leader of the House qu'on nous l'a enlevé, mais il devient un des prix à payer, semble-t-il, pour que le PMSD puisse tenter de justifier le fait de rejoindre le MSM pour les prochaines élections, dans une acrobatie qui eut été tout simplement impensable, puisque totalement indigne, jusqu'à il y a quelques semaines.

La tête de Phokeer, cela me rappelle, par ailleurs, la tête de Rama Sithanen réclamée en 2010 par Pravind Jugnauth, comme une des conditions de l'alliance bleu-blanc-rouge, pas vous ? À cette époque-là, c'était par contre Ramgoolam qui officiait au grand sacrifice, même s'il est clair que le pays perdait à ce moment-là, un ministre des Finances de calibre, alors que le retrait de Phokeer ne représente aucune perte d'aucune sorte. Bien au contraire, tellement sa performance fut lamentable pour tous les démocrates qui se respectent !

Et puis voilà que jeudi, Phokeer ayant été «surpris par sa... (propre) démission» selon la belle formule de l'express de vendredi ; le Premier ministre révisait, au Parlement, son opinion sur Adrien Duval, qui est poursuivi pour conduite en état d'ivresse et refus de se soumettre à un alcootest et lui faisait, à la place, des éloges ! L'opposition, bloquée à la porte, se faisait entendre en protestations au point où le nouveau speaker fut obligé de renvoyer son discours inaugural à plus tard. Pas de doute, le seul mot qui convient encore de manière utile au Parlement et à une large section de ses membres, c'est le mot «honorable», sans lequel d'ailleurs... on aurait vraiment peine à y croire !

Décidément, le surpoids et l'obésité semblent être des problèmes grandissants, dépassant même maintenant le cadre de l'espèce humaine.

En effet, si les neuf pays qui comptent le plus d'obèses au monde sont des îles du Pacifique(*), avec plus de 45 % d'obèses au sein de leur population et que l'OMS estime qu'à l'échéance de 2030, 40 % de la population mondiale sera en surpoids et 20 % carrément obèses, la BBC rapportait cette semaine que le globe terrestre lui-même prend maintenant de l'embonpoint !

L'explication scientifique est simple : les glaces polaires fondent et fournissent plus d'eau, ce qui fait que, grâce à la force centrifuge de la planète qui tourne ( * * ), la ceinture du globe à l'équateur, enfle. Un effet secondaire en est que la rotation du globe ralentit, ce qui allonge la durée du jour... et de la nuit.

Pas de panique cependant, les effets se mesurent en millimètres et en millisecondes pour le moment !

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.