Madagascar: Caméra cassée

Cruel destin pour une jeune fille fauchée dans la force de l'âge. La faute en revient à un automobiliste irresponsable qui a poursuivi son chemin après avoir percuté la victime.

La scène se passe à proximité du bureau d'un ministère du côté de Nanisana. Un crime commis dans la fraîcheur matinale et sans autre témoin que le criminel. Sortie pour faire un jogging, la jeune fille a été laissée pour morte au bord de la rue, visiblement tuée sur le coup. La police mène une enquête et examine les images des caméras des riverains bordant cette rue. La voiture coupable serait une berline mais les images seraient assez floues pour pouvoir émettre un avis formel sur l'identité du tueur.

Les carrefours de la capitale ont été équipés de caméras à infrarouge pour renforcer la sécurité. Des images captées par ces surveillants de mouvement ont pu servir à l'arrestation de bandits. Mais il semble que bon nombre de ces caméras ne soient plus fonctionnelles. Le vandalisme est passé par là. Des fils ont été arrachés et traînent par terre. D'où peut-être l'inexistence d'images exploitables de ce drame dans un endroit censé être sécurisé.

Pourtant, en août 2022, dans le cadre du projet de Modernisation des réseaux de télécommunications de l'administration malgache (MRTAM), mille deux cents caméras ont été installées dans trois cents sites. En parallèle, le projet Sumo a été mis en place à travers une collaboration entre la Police nationale et la CUA. Il s'agit d'un logiciel servant à exploiter les images captées par les caméras de surveillance. « C'est un logiciel qui va recouper l'immatriculation d'un véhicule.

%

Le recoupement se fera à partir d'une base de données qui va automatiquement vérifier l'auteur de l'infraction », expliquait-on à l'époque. À en juger par « l'intelligence » de Sumo, l'auteur du meurtre de Miah devrait être facilement identifié. Mais il manque certainement l'essentiel en l'occurrence les images captées par la caméra. À ce rythme, le millier de caméras installées un peu partout ne serait plus d'aucun recours. Il s'agit plutôt de caméras... cassées qui sont tout sauf de la surveillance.

En 2019, lors de la venue du pape François, trois cents caméras ont été installées dans les endroits sensibles par l'Office des transmissions militaires de l'État, une entité qui a été dissoute depuis. On ignore si elles sont encore en état de marche. Avec mille cinq cents caméras, la capitale est tout de même bien surveillée. Mais comme la maintenance fait défaut, les malfaiteurs en profitent pour commettre des délits au nez et à la barbe des surveillants impuissants.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.