Madagascar: Tradition - « Sao-drazana » des douze à Ambohinatao

La colline sacrée d'Ambohinatao célébrera le « sao-drazana » au mois d'août, une tradition aux secrets historiques unificateurs. Rassemblement au pied des douze « vatolahy » et des douze ancêtres royaux.

Du haut de la colline sacrée surplombée par les douze pierres levées mâles d'Ambohinatao à environ 15 km d'Ambohimahasoa, le paysage est exceptionnel. Le 9 août, le rituel du « sao-drazana », qui consiste à honorer en prière les ancêtres, s'y tiendra.

« Elles étaient en fait treize pierres levées, elles sont douze maintenant. Il y a une histoire derrière la chute du treizième », fait savoir Jean Richard Rahajasoa, le « mpilaza hiraka » pour la structure traditionnelle et président du comité d'organisation pour le conventionnel. La semaine du 5 août, un lundi ou « alatsinainy soambola », est donc une semaine propice selon la tradition locale, mais aussi une date pour lancer les préparatifs du « sao-drazana ». Le lundi, « les tagnarolahy peuvent se purifier au bain, le talata alaova aussi », explique Jean Richard Rahajasoa.

Le mercredi, le 7 août c'est le jour de « ceux ou celles qui sont allés au nord, les descendants des monarques, cela se poursuit jusqu'à jeudi », ajoute-t-il. Comme toute tradition malgache, la veillée communément « tsimandrimandry », sert de réveillon dans la nuit du jeudi. Le programme se précise. Vient alors le vendredi, zoma kididy, jour royal, jour sacré. « Au premier chant du coq, après minuit, il y a des rituels à effectuer », précise le communicant.

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La religion ancestrale malgache est à base monothéiste, et les ancêtres. Une prière envers le Dieu unique créateur, est initiée dans le « palais » à Tsihefa Sahave pour leur demander de bénir la journée consacrée à la montée vers les douze pierres levées. La musique interviendra avec un petit orchestre de kabôsy et d'instruments artisanaux, les offrandes sont sanctifiées dans la case royale.

Les zébus ouvriront le cortège, « il faut pratiquer le savika sur les bêtes tout le long du trajet », poursuit Jean Richard Rahajasoa. Chez le groupe humain Betsileo, le « savika » possède un rôle social complexe. À part être un loisir hyper-festif avec le « Volambetohaka », un mariage, une circoncision, une maison à ériger... doit toujours être devancé par le « savika », rodéo à la malgache. Tel le « haka » chez les Maoris. La danse des femmes est un moment privilégié, celles qui vont réaliser la cuisson collective pour le « saotsa ». Avant tout, le guérisseur/devin doit pratiquer un mini-rituel pour installer le « toko ». Bref, tout est codifié dans les moindres détails.

Les douze pierres levées représentent les douze collines sacrées et douze monarques. « D'Isandra, de Manandriana, d'Ikalamavony... pour ce dernier il y a eu des soucis avec des plantations de cacahuètes sur le site sacré. Mais aussi, il est tabou d'y apporter des armes à feux », fait savoir le président du comité d'organisation. À cause des dahalo, le lieu a été désacralisé. Les dignitaires pensent à la manière de le sacraliser de nouveau. C'est une autre affaire.

Le « sao-drazana » est quelque part un symbole de la déviation historique instaurée par les colonisateurs. Anglais puis français, sous le sceau de la diabolisation religieuse, des zones d'ombre qu'il faudrait éclaircir pour la postérité. « Il y a eu des exécutions contre ceux ou celles qui ne voulaient pas s'y plier, alors beaucoup ont fui vers les forêts et les régions maritimes ».

Le site représente aussi un lien historique de tout le pays, entre les groupes humains Sakalava, Merina, Tanala et beaucoup d'autres. « Ainsi, tout le monde sans distinction, des quatre coins de l'île et du centre, sont les bienvenus », conclut Jean Richard Rahajasoa.

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