Congo-Kinshasa: «Nous demandons à l'État de rendre les téléphones confisqués» dans la prison de Makala

La Clinton Foundation tire la sonnette d'alarme après la saisie de téléphones le 21 juillet 2024 auprès de détenus de la prison de Makala située près de Kinshasa, en RDC. « Les appareils aident les prisonniers à avoir contact avec leurs familles, leurs connaissances, pour leur survie », explique un responsable de cette organisation créée par l'ancien président des États-Unis. Le journaliste congolais Stanis Bujakera a publié des vidéos montrant la surpopulation dans cet établissement, le menant à qualifier cette prison d'« inhumaine ». Il y avait lui-même été incarcéré.

Ce dimanche, une opération militaire a eu lieu à la prison de Makala près de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Les soldats ont saisi les téléphones portables détenus par les prisonniers alors que des images filmées à l'intérieur de l'établissement ont circulé ces derniers jours pour dénoncer les conditions de vie.

Emmanuel Cole de la Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP) était sur place. Il s'inquiète des conséquences de cette opération sur les détenus. « Les raisons pour lesquelles nous dénonçons cette confiscation irrégulière, c'est parce que l'État congolais ne dispose pas des moyens financiers, des matériaux adéquats pour surveiller la vie des détenus et les prisonniers préventifs, souligne-t-il au micro de Paulina Zidi. Les appareils aident les prisonniers à avoir des contacts avec leurs familles, leurs connaissances, pour leur survie ».

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« C'est le monde qu'on est en train de retirer au prisonnier »

Il affirme : « En récupérant ces appareils, c'est le monde qu'on est en train de retirer aux prisonniers. Ce serait aggraver la situation qui est déjà grave. La conséquence, ce serait l'augmentation de ces décès quotidiens que nous apprenons déjà chaque jour dans les prisons en RDC. Donc, nous demandons à l'État congolais de rendre les téléphones confisqués. Si on ne remet pas ces téléphones, je crois que, dans l'avenir, on doit craindre le pire : c'est-à-dire qu'il y ait trop de morts dans les prisons. »

Officiellement construite pour une capacité de 1 500 détenus, la prison de Makala compte aujourd'hui plus de 15 000 détenus, en majorité non condamnés et donc en détention préventive. Cette surpopulation carcérale fait de ce lieu un mouroir pour les détenus, selon la FBCP, auteure d'un rapport publié en décembre 2023.

C'est dans cette même prison que le journaliste congolais Stanis Bujakera était détenu. Il a commencé à publier sur les réseaux sociaux des vidéos prises à l'intérieur de la tristement célèbre prison centrale de Makala à Kinshasa. Dans ces vidéos, disponibles sur le compte X de Stanis Bujakera, l'on peut voir des détenus entassés les uns sur les autres dans des couloirs, dans des toilettes ou dans des douches. « Quand vous y entrez, vous vous rendez compte que les gens sont en train de mourir vivant. »

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