La soirée du vendredi à samedi dernier n'a pas été de tout repos pour les Forces de défense et de sécurité des régions de Kolda et de Sédhiou. Ces agents ont en effet organisé une opération conjointe de sécurisation sur toute la bande frontalière avec la Gambie, théâtre, depuis quelques semaines, dit-on, de pillage du bois vert. Des sources informelles annoncent des interpellations. Des saisies de billons de bois sont effectuées notamment dans le Nord de la région de Sédhiou. Des complicités jusque dans les rangs des corps habillés sont dénoncées par certains villageois.
La coupe et le trafic illicite de bois sur toute la bande frontalière avec la Gambie ne connaissent toujours pas de répit. Les images sur les récentes coupes de gros fromagers renseignent de l'ampleur du péril sur le couvert végétal. Dans la soirée du vendredi 19 à samedi dernier 20 juillet, les Forces de défense et de sécurité, avec notamment la compagnie de Gendarmerie de Sédhiou et de Kolda et les forestiers, ont mené des opérations de sécurisation dans les secteurs Nord de ces deux régions frontalières à la Gambie. Des informations non confirmées par les Forces de sécurité font état de plusieurs interpellations.
Dans le Kabada, en zone Nord de Sédhiou, ce jeune de ce terroir déclare avoir constaté un massacre de la forêt dans plusieurs localités. «Jeudi dernier seulement, des individus parmi lesquels nos propres voisins et concitoyens ont été appréhendés en forêt en train de couper du bois sur pied. Dans quelques années, il n'y aura plus de forêt ici, dans le Nord de la région de Sédhiou, surtout dans cette partie du Kabada. Certains en font du charbon de bois et d'autres des billons à vendre à l'étranger», explique-t-il, sous le couvert de l'anonymat.
Et de poursuivre : «ces coupes massives de bois se font sous la complicité des gens du terroir c'est-à-dire ceux qui habitent dans nos propres villages. Cela rend difficile la prévention et la lutte contre de telles pratiques criminelles».
D'une colère assez ostensible et d'un ton très ferme, notre interlocuteur dénonce, par la même occasion, «la complicité de certains agents forestiers. Nous populations de Saré Elimane et environs sommes très déçues du comportement de certains agents forestiers. Quelques fois ils sont informés de la présence des trafiquants de bois mais on ne sent pas leur volonté à les traquer ; à la limite ils cherchent à nous en dissuader. Cela doit cesser», lance-t-il. D'autres habitants se désolent aussi «du manque de réactivité de certains agents forestiers», sans toutefois vouloir les nommer.
Cependant, une source proche des services des Eaux, Forêts et Chasse informe que «ce sont ces mêmes populations à la fois complices et trafiquants de bois qui cherchent à les mettre en mal avec leur hiérarchie. Nous, nous répondons à l'appel du service à chaque fois que de besoin. Et aussi longtemps que ces populations ne collaborent pas avec nous, ce sera difficile de venir à bout de ce phénomène», tient-il à faire comprendre, sous le couvert de l'anonymat.
A la fois excédé et inquiet par l'ampleur du phénomène, ce villageois et volontaire de la protection de l'environnement en appelle aux mesures d'austérité de l'Etat. «Il est vraiment grand temps que les autorités de ce pays renforcent les mesures d'austérité contre ces bandits de la nature. La forêt est notre seule source de revenus et à ce rythme de destruction, place sera laissée au désert», s'alarme-t-il.
La racine du mal semble alors bien profonde sur un terrain de plus en plus dénudé par la boulimie des délinquants à tout ravager sur leur passage.