Tunisie: Tourisme intérieur - Une révision s'impose

22 Juillet 2024

Sous toutes ses formes : culturel, écologique, d'affaires, E-tourisme..., le tourisme, offre une alternative prometteuse qui pourrait non seulement diversifier l'offre, mais aussi valoriser les richesses authentiques du pays. Le modèle traditionnel du tourisme de masse, souvent jugé peu respectueux de l'environnement et des communautés locales, montre clairement ses limites. Et si la Tunisie repensait son modèle touristique pour valoriser sa richesse culturelle et naturelle, tout en offrant des tarifs plus justes et accessibles ?

Le tourisme en Tunisie, longtemps dominé par une approche classique axée sur le soleil et la mer, est à un tournant décisif. Alors que le monde se tourne de plus en plus vers des formes de tourisme plus durables et enrichissantes, la Tunisie a l'opportunité de redéfinir son image touristique. Le tourisme, sous toutes ses formes : culturelle, écologique, d'affaires, offre une alternative prometteuse qui pourrait non seulement diversifier l'offre, mais aussi valoriser les richesses authentiques du pays.

Parallèlement, une révision des pratiques tarifaires, notamment le passage à une tarification par chambre plutôt que par personne, est essentielle pour rendre le tourisme plus inclusif et accessible aux Tunisiens. Avec un Smig qui ne dépasse pas 500 dinars, il est inconcevable de maintenir des prix exorbitants en haute saison.

La fin du tourisme de masse

Le modèle traditionnel du tourisme de masse, souvent jugé peu respectueux de l'environnement et des communautés locales, montre clairement ses limites. L'afflux de touristes dans des zones déjà surchargées, la surconsommation des ressources naturelles et la dégradation de l'environnement sont des conséquences directes de ce modèle dépassé. De plus, les retombées économiques pour les populations locales sont souvent insuffisantes, voire inexistantes, les bénéfices étant principalement captés par les grandes structures hôtelières et les tour-opérateurs internationaux.

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Il est donc grand temps pour la Tunisie d'adopter une vision plus responsable et inclusive du tourisme. Une telle démarche implique de repenser les stratégies touristiques en profondeur pour intégrer des pratiques durables qui bénéficient à la fois à l'environnement et aux communautés locales. Cela inclut la promotion de circuits touristiques qui mettent en avant le riche patrimoine historique du pays, de ses sites archéologiques aux médinas pittoresques. Les visiteurs pourraient ainsi découvrir la véritable essence de la Tunisie, au-delà des plages et des complexes hôteliers.

Par ailleurs, la valorisation des réserves naturelles et des paysages époustouflants permettrait de développer un tourisme écologique respectueux de la biodiversité. Des activités comme la randonnée, l'observation des oiseaux et les séjours en écolodges pourraient attirer une nouvelle clientèle sensible aux enjeux environnementaux.

De ce fait, promouvoir les produits du terroir, qu'il s'agisse de l'artisanat local, de la gastronomie traditionnelle ou des vins et huiles d'olive, offrirait aux touristes une expérience authentique et enrichissante. Cela stimulerait également l'économie locale, en favorisant les petits producteurs et les artisans, et en créant des emplois durables dans les régions rurales.

Ainsi, la transition vers un tourisme plus respectueux et inclusif est non seulement une nécessité environnementale et sociale, mais aussi une opportunité pour la Tunisie de se distinguer sur la scène touristique mondiale en offrant des expériences uniques et authentiques.

Une tarification plus juste

Un autre défi majeur à relever concerne le système de tarification actuel, qui repose sur le calcul par personne et par nuitée. Ce modèle, de plus en plus jugé obsolète et inéquitable, pénalise particulièrement les familles et les groupes, rendant les séjours excessivement coûteux. Dans un contexte économique où le pouvoir d'achat des Tunisiens est limité, cette approche contribue à exclure une large partie de la population du marché touristique national.

Il est donc essentiel d'évoluer vers un tarif par chambre, une pratique courante dans de nombreux pays, qui offre une plus grande transparence et accessibilité. Cette transition permettrait de simplifier la compréhension des coûts pour les consommateurs et de rendre les offres hôtelières plus attractives. En outre, une tarification par chambre serait plus en phase avec les réalités économiques des ménages tunisiens, permettant à un plus grand nombre de familles de profiter des infrastructures touristiques locales.

Adopter une tarification plus juste ne se limite pas à une simple question de prix, mais constitue une véritable stratégie pour encourager un tourisme plus local et familial. En rendant les séjours plus abordables, les hôtels et autres établissements touristiques peuvent attirer davantage de clients nationaux, notamment en basse saison. Cela stimulerait l'économie interne en augmentant la fréquentation des sites touristiques, des restaurants et des commerces locaux, tout en créant des emplois dans le secteur.

De plus, une approche tarifaire plus équitable pourrait inciter les familles tunisiennes à redécouvrir leur propre pays, à explorer ses régions les moins connues et à apprécier ses nombreuses richesses culturelles et naturelles. Cela renforcerait également le sentiment de fierté nationale et encouragerait la préservation du patrimoine.

Pour toutes ces raisons, repenser le système de tarification est une étape cruciale pour rendre le tourisme en Tunisie plus inclusif et durable. Une tarification par chambre, plus équitable et transparente, permettrait de démocratiser l'accès aux vacances pour les Tunisiens, tout en dynamisant l'économie locale. Ce changement contribuerait à construire un secteur touristique plus résilient et prospère, capable de répondre aux attentes et aux besoins de l'ensemble de la population.

Valoriser le touriste tunisien

Il est crucial aussi de reconnaître et de valoriser le touriste tunisien, souvent relégué au second plan par les acteurs du secteur touristique. Ce traitement inégalitaire ne se justifie pas, d'autant plus que les Tunisiens constituent une part importante du marché potentiel. En période de haute saison, les prix des hébergements atteignent des sommets inaccessibles pour la majorité des Tunisiens. Dans un pays où le salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) ne dépasse pas 500 dinars, proposer des nuitées à partir de 300 dinars par personne, voire dépassant 1.000 dinars, revient à exclure une large part de la population.

Cette exclusion n'est pas seulement injuste, elle est également contre-productive pour l'économie touristique du pays. En négligeant le marché local, le secteur se prive d'une source de revenus stable et continue. Il devient alors impératif pour l'industrie touristique de réajuster ses tarifs pour ne pas exclure ses propres citoyens. Offrir des tarifs adaptés et des avantages aux Tunisiens, comme des réductions pour les familles, des offres spéciales pour les résidents ou des forfaits attractifs pour les périodes creuses, pourrait transformer ce segment de marché en une véritable poule aux oeufs d'or.

Valoriser le touriste tunisien signifie aussi adapter les services et les offres pour répondre aux attentes et aux besoins spécifiques de cette clientèle. Cela inclut la promotion de destinations locales méconnues, l'organisation d'événements culturels et festifs, ainsi que le développement d'activités adaptées aux familles. En rendant le tourisme plus accessible et attractif pour les Tunisiens, on encourage une forme de tourisme durable qui bénéficie directement à l'économie nationale.

En outre, une politique tarifaire plus équitable et inclusive peut également renforcer le sentiment d'appartenance et de fierté nationale. Lorsque les citoyens ont la possibilité de découvrir et d'apprécier les richesses de leur propre pays, ils deviennent de véritables ambassadeurs de leur patrimoine, ce qui peut à son tour attirer davantage de touristes étrangers.

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